Le candidat à la présidentielle Belaïd Mohand Oussaïd a donné le coup de starter de sa campagne électorale à partir du cœur palpitant de la capitale, à savoir le mythique quartier de Bab El Oued. La salle Atlas fraîchement rénovée était pleine. Beaucoup de jeunes du quartier, fardés aux couleurs des clubs sportifs, sont venus remplir la salle comme les gradins d'un stade. Le candidat Mohand Oussaïd arrive avec plus d'une heure de retard et prononce son discours dans un arabe châtié semblant en déphasage avec la tonalité populaire du quartier. Au premier jour de la campagne électorale, le candidat dénonce « une campagne qui commence en donnant l'impression que les jeux sont faits ». Il estime qu'il y a une tentative de faire croire à l'opinion que les résultats de l'élection sont connus d'avance. « Les moyens médiatiques sont mobilisés dans une seule direction ; la commission nationale des élections a été composée de gens qui sont passés maîtres dans la fraude ; la commission politique de surveillance des élections a été constituée selon la volonté d'un seul candidat. Sans oublier les affiches et exhibitions en tout genre qui sont apparues des semaines avant le début de la campagne, alors que l'aide financière dont devaient bénéficier les autres candidats n'a été délivrée que la veille de la campagne », souligne Mohand Oussaïd dit Mohamed Saïd, qui décèle une volonté de « semer le désespoir ». Tout en dénonçant le fait accompli, le candidat affirme : « Ce qui m'importe, ce n'est pas le résultat de cette échéance électorale mais le message à transmettre aux Algériens : leur dire que le changement est possible et qu'il y aura toujours de l'espoir grâce à la résistance des hommes. » Le même candidat, qui plaide pour un régime parlementaire respectueux des règles démocratiques, estime qu'à l'heure actuelle « nous vivons dans une société encadrée par un Etat inexistant. C'est la politique des 'sacs' (chekara) qui est en passe dans ce pays où l'argent de l'Etat est gaspillé dans des exhibitions et cérémonies protocolaires sans rendre de comptes. Où sont les institutions élues pour contrôler ? », s'interroge l'orateur en dénonçant la gangrène du pays par le phénomène de la corruption. Et de noter, plus grave encore que la corruption, « l'utilisation du régionalisme pour casser l'unité nationale ». « Est-il concevable d'adopter la politique de l'autruche quand l'unité de la Nation est menacée ? », s'est-il demandé. Le président du Parti pour la liberté et la justice dénonce : « Quel est l'intérêt d'avoir une manne financière importante si le peuple n'en profite pas ? Si la jeunesse n'a de choix qu'entre la drogue, la harga ou devenir kamikaze ? » Il estime que « le changement est possible pour peu que nous voulions que le pays sorte de la crise ». Et d'affirmer que l'expérience a démontré que le régime présidentiel ne convient pas à l'Algérie et que « seul un régime parlementaire, démocratiquement instauré, est la solution ».