Dans son forum mensuel de la citoyenneté, Radio Mila a abordé, jeudi dernier, la récurrente question de la déperdition sociale avec la participation d'enseignants universitaires, de journalistes et de la société civile. Concept général englobant tous les actes et propos susceptibles de constituer une atteinte aux intérêts et valeurs individuels ou collectifs, la notion de déperdition sociale a été décortiquée et ses retombées sur la cohésion sociale mises en évidence. Pour Amar Aguib, directeur de la radio, la cellule familiale, l'école et la mosquée «sont les espaces les mieux indiqués pour moraliser l'individu et, par ricochet, endiguer le déplorable problème de la déperdition sociale». Aguib appelle, dans ce sens, l'établissement de la mosquée à adapter son discours à l'actualité sociale, au lieu de continuer de cultiver un discours idéaliste aux antipodes de la réalité du terrain. Dans son message envoyé au forum, le wali, Mohammed Amieur, reconnaît : «La déperdition sociale est devenue la règle au lieu d'être l'exception». En reconnaissant que le phénomène gangrène gravement l'administration publique, il considère que «le commis de l'Etat qui déserte son poste de travail, ne serait-ce que pour un bref moment, pour aller pratiquer une autre activité lucrative, est en situation de déperdition sociale, car ce comportement porte atteinte aux intérêts de la collectivité». Responsabilisant l'individu humain dans l'absolu, Abidi Sana, psychologue au centre universitaire de Mila, dira : «Le processus de déperdition sociale commence dès lors que les actions de l'individu humain sont orientées vers des idéaux non profitables.» Elle propose, dans ce sens, de travailler le côté moral et spirituel dans l'être humain et l'éduquer au respect des lois et des valeurs sociales. L'intervenante considère, par ailleurs, que le privilège d'immunité politique ou diplomatique accordé par l'Etat à ses cadres constitue l'un des facteurs de déperdition. «Ce privilège est souvent exploité dans des actes nuisibles à l'intérêt de la collectivité et à la réputation du pays». L'écrivain et journaliste, Abdelaâli Zouaghi, incrimine plutôt une certaine presse. «Certains médias méritent d'être moralisés, ils sont devenus de par leurs écrits et analyses une source de déstabilisation de la population juvénile : les violences vécues dans les stades, à titre d'exemple, trouvent leur origine dans les manchettes de certains journaux», conclut-il. Signalons que dans le cadre de sa mission de média public de proximité, Radio-Mila organise chaque mois un débat sur un fléau social récurrent.