Le siège du Rassemblement pour la culture et la démocratie, situé à El Biar, a fait, hier vers 13h, l'objet d'une agression. Les supporters de Bouteflika, à leur tête le président de l'APC d'Alger-Centre et directeur de campagne du candidat « indépendant », Tayeb Zitouni, qui était dans le cortège, voulaient arracher le drapeau noir brandi par le RCD en guise de deuil. S'étant arrêtés au milieu de la chaussée, sous le regard des agents de la police, des jeunes ont tenté d'escalader le mur. Ce sont des députés et des membres du secrétariat national du RCD qui ont réagi pour les en empêcher. Les agresseurs ont été repoussés et quelque temps plus tard des renforts de la police arrivent pour encercler les locaux du parti. Même Saïd Sadi, très en colère, est sorti de son bureau. Dans un communiqué rendu public suite à cette agression, son parti indique qu'« une bande de jeunes emmenés par Zitouni, président de l'APC d'Alger-centre et président du comité de campagne de Bouteflika, a essayé de mener une opération commando contre le siège national du RCD, vendredi 10 avril à 13h10, sous le regard impassible des services de sécurité ». A la tête d'un convoi composé essentiellement d'adolescents, indique la même source, « Zitouni a ordonné à son groupe portant des matraques de monter sur le mur d'enceinte pour jeter des pierres ». « L'un des assaillants, poursuit-on, a essayé d'arracher le drapeau noir avant d'être rattrapé par les militants du Rassemblement sortis du siège pour faire face à l'agression. » « Connu comme parrain qui sévit sur la capitale depuis de nombreuses années, ajoute le RCD, le choix de Zitouni pour lancer cette opération est un message de la part du pouvoir : la corruption, la violence font échos dès le premier jour à la fraude électorale et au despotisme de Bouteflika. » « Bienvenue. Le deuil est l'expression d'une colère. Le RCD est prêt », conclut le communiqué. Dans une déclaration à El Watan, Saïd Sadi, indigné, souligne qu'« on retourne 30 ans en arrière. Quand un maire de la capitale est à la tête d'une bande, c'est grave ». En précisant que « cela a, cependant, l'avantage de révéler clairement la nature du programme du chef de l'Etat ». Le président du RCD n'a pas manqué aussi de réagir aux propos tenus par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales lors de la conférence de presse qu'il a animée hier à El Aurassi. « Ce que je dis à M. Zerhouni souligne Saïd Sadi : vous êtes un homme de l'ombre. Nous, nous sommes des citoyens qui ont sacrifié leur vie pour que la transparence règne sur la scène nationale. » « Vous êtes l'élément d'une secte, ajoute-t-il. Nous, nous sommes des patriotes qui ont sacrifié leur vie pour que la citoyenneté soit le seul signe d'appartenance à la collectivité. » Le président du RCD assène : « C'est votre clan, celui de Oujda, qui a assassiné Abane et Khider. Nous, nous sommes des hommes de paix et des hommes déterminés. » Il poursuit : « Dès lors que vous et vos pairs, votre Premier ministre, vous vous donnez le droit de traiter de traîtres les citoyens qui refusent de se compromettre avec vous, nous ne pouvons que vous dire que nous n'appartenons pas au même peuple. » S'agissant du drapeau noir, votre secte jubile, souligne Saïd Sadi, « l'Algérien est en deuil ». « Bouteflika inaugure son troisième mandat contre le RCD », indique le communiqué du parti. Revenant sur le déroulement du scrutin de jeudi dernier, Saïd Sadi affirme que la fraude a été « généralisée ». Selon lui : « Le wali de Biskra a dit aux chefs de centre : gonfler les taux de participation, j'assume. » Il raconte aussi que le chef de la daïra de Tipaza demandait à ce qu'ils mettent « 100% car sa tête était en jeu ». A Béchar, selon Saïd Sadi, « un chef de centre, un certain Maâzouzi Cheik, lançait aux encadreurs de l'opération de vote, j'exige 80% ». Le plus grave, indique le président du RCD, est le fait que « les fichiers électoraux ont été emmenés aux sièges des wilayas pour mettre en corrélation les résultats et ce qu'a demandé Bouteflika ».