La formation de nos pilotes d'avion civils se fait toujours à l'étranger à coups de millions, alors qu'elle peut être assurée chez nous à moindre coût et avec un cursus qui répond aux normes internationales. C'est ce que nous a affirmé M. Berghel, enseignant universitaire et ex-directeur de l'Institut d'aéronautique de Blida (IAB). Selon lui, l'expérience acquise de cet institut en matière de formation touchant les sciences de l'aéronautique, depuis sa création en 1986 à ce jour, (constructions aéronautiques, navigation aérienne, structure, propulsion et avionique) peut être exploitée pour la formation des pilotes de ligne au niveau local. « A l'IAB, qui demeure l'unique institut civil en Algérie spécialisé dans les sciences de l'aéronautique, nous pouvons facilement assurer les cours théoriques vu que les compétences requises y existent. D'ailleurs, nous comptons lancer une formation théorique de pilotage d'avions bientôt à notre niveau. Concernant la pratique, l'on a déjà choisi un site adéquat pour l'apprentissage du pilotage qui est situé à Ghardaïa », indique notre interlocuteur. Dans ce sens, il fera savoir que des avions monoplaces et biplaces ainsi que des formateurs qualifiantes, entre autres, sont déjà mis à disposition. Au cas où cette formation réellement assurée au niveau local, l'Algérie pourrait économiser d'importantes sommes en devises. Pour le moment, la formation au pilotage se fait toujours à l'étranger, notamment à Toulouse (France) et à Oxford (Grande-Bretagne) et cela revient excessivement cher au Trésor public. Et comme il y a un début à tout, l'Institut d'aéronautique de Blida qui forme annuellement 30 techniciens et 25 ingénieurs dans ce domaine, a eu l'aval des autorité, ces quelques dernières années, pour former les contrôleurs aériens au profit de l'Etablissement national de la navigation aérienne (ENNA). A ce jour, 140 contrôleurs ont été ainsi formés alors que la première promotion féminine sortira dans quelques mois. D'autres formations sont assurées à la carte pour des clients comme Air Algérie et Tassili Airlines. « Un contrôleur formé à l'étranger coûte un million de dinars. Avec la même somme, on peut former 25 contrôleurs à notre niveau », insistera M. Berghel. L'Institut de l'aéronautique de Blida, qui se bat pour son autonomie puisqu'il dépend toujours de la faculté des sciences de l'ingénieur, forme en dehors des étudiants algériens, des bacheliers venus notamment des pays du Maghreb, du Yémen, de la Palestine ainsi que de plusieurs pays africains (Madagascar, Mali…). La plupart d'entre eux exercent dans des compagnies aériennes. Beaucoup d'Algériens ont préféré aller travailler sous d'autres cieux, soit , à titre d'exemple, chez Air France, Boeing, Bombardier ou dans des universités. Le cas de M. Abdelkader Kherrat, un Algérien responsable des essais au sol chez Bombardier mérite d'être cité puisqu'il a réussi à convaincre ses supérieurs d'offrir un spécimen d'avion à l'IAB, et ce pour les besoins de la pratique des étudiants. D'autres ont trouvé leur vocation ailleurs. Les moins chanceux, sont ces anciens étudiants algériens de l'IAB qui disent ne pas avoir du piston pour « bénéficier » d'une place à Air Algérie ou à Tassili Airlines. « Nous avons carrément sollicité le président de la République pour qu'il se penche sur notre cas puisque nous avons terminé nos études il y a de cela plus de 10 ans, sans pour autant bénéficier d'un quelconque emploi dans la compagnie aérienne locale », s'est plaint un groupe d'anciens étudiants qui se sont présentés à notre bureau de Blida. Enfin, des étudiants de l'IAB de Blida ont déjà « mis au monde » un petit avion baptisé « Chirad », répondant aux normes et qui peut voler jusqu'à 1500 mètres d'altitude. C'est bon signe en attendant le jour où l'Algérie formera ses pilotes.