Le président candidat Abdelaziz Bouteflika poursuit son périple électoraliste à l'intérieur du pays avec son lot de mesures sociales. Après le clin d'œil fait à Oran aux travailleurs en annonçant l'augmentation du SNMG, aux retraités, aux handicapés et aux patriotes en leur promettant des pensions décentes, et après l'annonce de l'effacement des dettes des agriculteurs, le chef de l'Etat promet depuis Sidi Bel Abbès, où il effectuait une visite hier, d'augmenter de 50% la bourse universitaire. Cette revalorisation sera effective, comme il l'a précisé, à compter de la prochaine rentrée universitaire. « J'ai le plaisir d'annoncer que les bourses universitaires connaîtront, à partir de la prochaine rentrée, une augmentation de 50% pour les étudiants de graduation et de post-graduation », a-t-il déclaré, lors d'un discours prononcé à l'occasion de la rencontre nationale sur la formation, organisée hier dans la ville de Bel Abbès. Outre cette décision, le président Bouteflika, qui se lance dans une précampagne qui ne dit pas son nom, décide d'instituer une bourse de soutien de 12 000 DA par mois qui sera servie, toujours à partir de la prochaine rentrée, aux étudiants en doctorat qui ne disposent pas de salaire. Tout en qualifiant cette mesure d'« innovante », le chef de l'Etat estime qu'elle coûtera au Trésor public « plus de 1440 millions de dinars par an ». Accorder plus de moyens financiers à l'étudiant ou au doctorant chômeur ne peut qu'être applaudi. Mais l'augmentation décidée par le premier magistrat du pays est loin de répondre aux besoins réels de l'étudiant, qui se débat dans un quotidien des plus lamentables. Les 50% d'augmentation annoncés ne représentent concrètement qu'une revalorisation journalière de 15 DA. Autrement dit, la bourse de l'étudiant, actuellement de 2700 DA par trimestre (soit 900 DA/mois et donc 30 DA/jour), va passer à 4050 DA. Si le président Bouteflika tient sa promesse, l'Etat « alimentera » la poche de l'étudiant à raison de 45 DA/jour à partir de 2010. Cela ne va, certes, pas le faire sortir de sa misère financière et de la promiscuité d'un habitat de plus en plus exigu pour ceux dont le domicile familial est éloigné du lieu de leurs études. Avec 45 DA/jour, ce qui représente moins d'un dollar par jour, l'étudiant algérien vit « en dessous du seuil de pauvreté », si l'on se réfère à la norme établie par des instances internationales spécialisées, à l'instar de la Banque mondiale. Il est à souligner que la bourse étatique allouée à l'étudiant n'a évolué que de 300 DA en 24 ans, passant de 600 DA/mois (1983) à 700 DA/mois (1990). Cela, bien entendu, avant qu'elle n'atteigne 900 DA/mois actuellement. Selon certaines estimations faites par des spécialistes, les frais moyens de restauration de l'étudiant sont de près de 3000 DA/mois, alors que ses besoins vestimentaires annuels sont approximativement de 20 000 DA. Cela sans compter les frais inhérents aux besoins pédagogiques. La charge financière de l'étudiant est d'autant plus lourde lorsqu'on sait à quel point les bibliothèques universitaires sont pauvres en livres et en documentation, pourtant instruments indispensables à la recherche et l'accomplissement du cursus d'études supérieures. Depuis des décennies, les organisations estudiantines réclament une bourse d'étude décente qui correspond à la réalité de la vie. Une bourse qui leur permettrait de bien suivre leur cursus universitaire et d'acquérir tout le savoir nécessaire. En vain. Aussi louable soit-elle, cette augmentation reste insuffisante et surtout en deçà de la longue attente des centaines de milliers d'étudiants qui constituent, par ricochet, un important réservoir électoral en ce temps de campagne pour la présidentielle d'avril 2009. D'ailleurs, des posters du président candidat sur lesquels est écrit « Bouteflika, c'est mon choix », couvrent les bus de transport universitaire des deux universités d'Alger. La campagne ne fait que... commencer.