L'exposition a été étrennée, dimanche en fin d'après-midi, dans une des magnifiques ailes du musée du Bardo. Intitulée « La dinanderie, un art de vivre citadin », cette exposition donne un large aperçu sur la richesse et la diversité de la dinanderie algérienne entre le XIXe et le xxe Siècle. La directrice du musée national du Bardo, Fatima Azzoug, estime que cette exposition n'a pas la prétention de vouloir exhiber toutes les facettes de la dinanderie algérienne mais de mettre en évidence, d'une part, un patrimoine matériel vivant, d'autre part, de tisser des liens entre l'institution muséale et les collectionneurs. Ces derniers contribuent, à leur manière, à la préservation et à la sauvegarde de notre patrimoine. Plus de quatre-vingt pièces ethnographiques classées par thématique dans des vitrines, se laissent voir avec un réel ravissement. Cette collection appartient, en fait, à Mohamed Saddek Messikh. Un fervent collectionneur privé qui a toujours mis au service de la culture ses imposantes collections d'une valeur inestimable. La plupart de ces pièces usuelles renvoient à un passé lointain où la population de l'époque, algéroise, constantinoise ou encore tlemcienne, s'en servait dans la vie courante avec un réel plaisir. Parmi ces objets travaillés avec précision et ingéniosité, nous retrouvons des bassines de bain « tassa », des écuelles « setla », de petits seaux à puiser « kolla », un seau de hammam « mahbas el hammam », une aiguière « wadhaya », des coupes pour ablutions, des écuelles prophylactiques, des pyxides « tefaye », un fait-tout « tadjine », un plat à dessert « tebsi », une assiette à couvercle « tabsi achawat », des cafetières à manche « djezoua », des encensoirs « bekhara », des moulins « rihiwa ». Le visiteur est comme ensorcelé par les lignes élancées et souples et le décor sombre et complexe de ces objets, renfermant des siècles d'histoire. Pour l'attachée de conservation,Farida Bakouri, la vaste gamme d'ustensiles représente un patrimoine mobilier et un art de vivre commun aux maghrébins dont la similitude de leur mode d'existence et leurs besoins matériels requièrent les mêmes ustensiles de cuisine et de ménage. « Le travail du cuivre en Afrique du Nord s'est généralisé à la faveur de l'arrivée des Ottomans (XVIe) suite à l'annexion de l'Algérie et la Tunisie comme provinces de leur empire. L'usage du cuivre s'est répandu à partir de constantinople où dans les palais des sultans et les demeures des notables on utilisait d'innombrables ustensiles dans les cuisines lors des cérémonies ». Par ailleurs, il est important de mentionner que le musée national du Bardo possède une collection de dinanderie comptant environ trois cents pièces. Chaque année, le musée essaie d'acquérir de nouvelles pièces ethnographiques datant d'avant 1960. « La dinanderie, un art de vivre citadin » est un voyage auquel, Mohamed Saddek Messikh convie plus d'un. Ce collectionneur averti nous fait remonter dans le temps et l'espace, pour découvrir la diversité des modes et des traditions citadines et rurales algériennes. Un détour du côté du musée national du Bardo s'impose.