En effet, Mme D. s'apprêtait à quitter l'hôpital de Sidi Aïch, où elle a donné naissance à son premier enfant, lorsque des douleurs la prennent au ventre. On la soumet en urgence à un examen échographique et, là, on découvre un deuxième fœtus que l'on n'avait pas vu plus tôt. Ce sera malheureusement un mort-né. Mme D. était enceinte de jumeaux et la maternité de l'hôpital et surtout le gynécologue privé, qui l'avait soumis auparavant à deux échographies, au premier et au sixième mois de grossesse, ne s'en étaient pas aperçus. Selon son mari, une troisième échographie a même été effectuée au mois de novembre dernier à l'hôpital de Sidi Aïch. Aucune de ces échographies n'a révélé de grossesse gémellaire. Personne n'aurait vu le second bébé. La femme, qui s'attendait à accoucher d'un garçon en mai, sera évacuée à son septième mois de grossesse, en mars dernier, en urgence vers l'hôpital de Sidi Aïch. Rassurée par le médecin, elle sera gardée en observation et libérée le lendemain. « Les choses se sont compliquées, contrairement aux assurances du médecin. Le service gynécologie n'a pas fait d'autre échographie pour s'assurer une dernière fois que ma femme pourrait accoucher sans le moindre risque, soi-disant pour manque de médecins gynécologues au niveau de l'hôpital », témoigne le mari. « Ils ont décidé de la faire accoucher en se fiant à l'échographie établie par le docteur susnommé tout en ignorant qu'il s'agissait d'une grossesse gémellaire », ajoute M.D., qui interpelle le directeur de la santé de la wilaya (DSP) sur la gravité du fait qu'« un hôpital de cette trempe ne dispose pas de gynécologue ». Et c'est ainsi depuis octobre 2008. Le gynécologue qui y officiait « a terminé son service civil », nous apprend M. Hadid, directeur de l'hôpital, qui dément qu'une échographie y ait été effectuée le jour de l'accouchement en question. En effet, il explique qu'en se basant sur l'échographie du gynécologue privé, la parturiente « n'a pas été admise pour accouchement » et soutient que l'hôpital « n'a pas failli ». Une Plainte a été déposée Le gynécologue privé nous affirme, par ailleurs, être au courant de l'existence du second fœtus dont il dit avoir constaté la mort à la 26e semaine de grossesse. « Je n'en avais pas prévenu le couple parce que le mari me demandait depuis le début de ne pas brusquer sa femme, psychologiquement fragile, par une quelconque mauvaise nouvelle. Je voulais aussi éviter une complication psychologique de la grossesse », se défend-il. « Je leur avais donné rendez-vous pour les en informer à l'approche de l'accouchement. Mais, la femme a accouché avant terme », ajoute-t-il. « Ma seule erreur est d'avoir gardé l'information pour moi. Je suis victime d'excès de confiance », nous dit-il. Selon M.D., c'est la sage-femme qui s'est doutée de la présence d'un deuxième bébé après que sa femme eut ressenti des douleurs. « Ce n'est qu'à ce moment-là que l'on a décidé de lui faire une échographie. Fatalement, le bébé s'était étouffé, plus de vingt minutes après le premier accouchement », nous raconte le mari. Malheureusement, le couple perdra aussi le premier bébé, 36 heures après sa naissance. M.D. compte déposer plainte pour « infanticide involontaire ». Il a écrit au DSP pour dénoncer une « négligence avérée » et réclamer qu'une enquête soit ouverte. « Je ne suis pas près de payer pour la négligence des uns et l'incompétence des autres », nous dit-il.