Il visait principalement le désenclavement des zones sahariennes déshéritées, le développement des échanges transsahariens et notamment les échanges commerciaux. Le premier objectif a été assez correctement atteint. L'Algérie a construit 1200 km et désenclavé une très vaste région. Il n'en est pas de même du 2e objectif, et les échanges commerciaux demeurent par contre trop modestes si l'on en juge par le niveau du trafic. A la frontière de l'Algérie et du Niger sur la RTS, le trafic est de l'ordre de 100 véhicules/jour, dépasse les 1000 au nord de Tamanrasset et est de l'ordre de 500 véhicules/jour à la frontière entre le Niger et le Nigeria. Stimuler les échanges commerciaux dans les zones transfrontalières constitue donc le nouvel objectif. A ce sujet, le projet du Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT) en cours d'approbation estime que «les échanges transfrontaliers sahariens actuels traduisent une dynamique latente susceptible d'être amplifiée et formalisée par des politiques ad hoc, notamment le soutien au développement des zones frontalières». De leur côté, les ministres des Routes des pays membres du CLRT, réunis à Bamako en septembre 2006 pour la 46e session du Comité, ont recommandé également la création d'un Comité ad hoc pour la promotion des échanges commerciaux. Depuis le lancement du projet au début des années 1970, les choses ont beaucoup évolué et le contexte actuel est bien plus favorable à une relance du développement dans les régions du Grand-Sud algérien. Une enveloppe très consistante (30 milliards de dinars) a été allouée par le secteur des travaux publics au projet de la RTS pour des extensions de capacités des sections existantes, pour la continuité de la construction des sections à l'état de pistes et surtout pour la remise à niveau des sections dégradées. C'est une décision bienheureuse tant il est fondamental pour l'économie du pays et pour les usagers que la route soit en bon état. Le projet de la RTS avance beaucoup mieux ces toutes dernières années. Sur l'axe transafricain Alger-Lagos (4500 km) les chaînons manquants (12 %) sont en cours de construction aussi bien en Algérie (250 km) qu'au Niger (300 km). En Algérie, le cadre macro-économique a rarement été aussi propice aux investissements aussi bien nationaux qu'étrangers. Des projets de grande importance sont en cours de réalisation ou de maturation le long de la RTS. Le projet d'adduction en eau potable de Tamanrasset à partir d'In Salah (en cours de réalisation) d'un montant de 1,3 milliard de dollars va améliorer les nouvelles conditions de vie des populations de la région qu'il traverse sur une longueur de 650 km et renforcer l'attractivité de Tamanrasset. Le gazoduc Nigeria-Algérie, le projet de fibre optique, les récentes découvertes du gisement d'or de Ti-Mesmessa sont autant de projets en cours de maturation. Ils viendront apporter un nouvel élan et un intérêt économique pour les populations sahariennes aussi bien algériennes que nigériennes et maliennes. Plus que tous les projets que l'on pourrait citer, c'est le SNAT qui constitue la donnée nouvelle majeure par le cadre organisé qu'il définit et les directions qu'il indique pour le développement du Grand-Sud et des régions transfrontalières. L'étude du Schéma national d'aménagement du territoire a le mérite d'avoir rassemblé dans un même document et dans une forme analytique les liens interdépendants et les articulations des facteurs qui concourent à l'harmonie du bon fonctionnement du territoire. La configuration de l'armature urbaine proposée pour 2025, celle des différents pôles de compétitivité et de développement, soutenue par les schémas de transport, particulièrement la route et le rail, rend la planification stratégique plus aisée pour mieux cibler les objectifs que l'on se fixe dans les régions programme. Au sens du SNAT, la RTS est un axe principal de renforcement du maillage du territoire. Il met en relation de manière efficace les différents niveaux du nouveau système urbain : métropoles, villes- relais, villes d'équilibre, pôles du Sud, pôles régionaux, pôles locaux et milieu rural. Dans le SNAT, le Grand-Sud est traité exhaustivement dans les programmes d'action territoriale (PAT), «Option sud» et «ouverture des territoires à l'international». Chaque PAT couvre les objectifs, la stratégie et le programme d'action proprement dit. Ainsi on retrouve par exemple dans le programme «Option sud» : le renforcement du système urbain en archipel (pôle du sud, bases productives et villes nouvelles), le soutien à la compétitivité et à la croissance, (valorisation systématique des ressources locales, structuration filières localement, ressources énergétiques, tourisme), la protection du système oasien, le renforcement de l'accessibilité et de la desserte (infrastructures de transport). La route transsaharienne est un outil important du programme d'action territoriale du Grand-Sud pour le renforcement de l'accessibilité et de la desserte afin d'assurer l'efficacité de l'ouverture de l'Algérie à ses pays voisins. La mise en œuvre du SNAT donnera une nouvelle dimension à la RTS. La valorisation et le renforcement des échanges avec les pays voisins sont une vocation et un objectif de la RTS qui se recoupent parfaitement avec la stratégie définie par le SNAT. L'idéal, pour optimiser le développement du Grand-Sud algérien, tout particulièrement les régions frontalières, eut été l'élaboration d'un programme régional, intégré, conçu et partagé avec les pays voisins, à l'image de la RTS qui est un axe transafricain, un projet qui concourt à l'intégration économique du continent et spécifiquement de la région. Il est très souhaitable, compte tenu de l'avancement du projet d'une part et des espoirs suscités par le Nepad pour la contribution au développement du continent africain, d'autre part que l'idée de l'institution d'une instance internationale chargée de promouvoir les échanges commerciaux soit prise en considération. Le CLRT entend conduire une étude pour identifier les potentialités dans chaque pays. La stimulation des échanges commerciaux est un enjeu et un important facteur de développement. De l'augmentation du volume des échanges dépendra aussi l'amélioration des conditions de vie des populations dans les zones frontalières. L'auteur est Secrétaire général du Comité de liaison de la route transsaharienne