Le différend oppose neuf villages de Souk El Tenine à l'association religieuse assurant la gestion du lieu saint. La grogne a été provoquée, il y a une année, lorsque le ministère de la Culture a entamé des démarches pour la classification de cette zaouïa patrimoine culturel national. La coordination des comités des villages contestataires ne tarde pas à réagir pour revendiquer «la réhabilitation de la vocation initiale de la zaouïa, sa gestion collégiale par un comité représentatif, ainsi que la rectification du volet historique contenu dans le projet de sa classification». Les comités de village imputent cette crise à la ministre de la Culture, dont la maison parentale est adjacente à l'établissement religieux, sans toutefois la citer nommément dans leur déclaration : «Un ministre de la République (Khalida Toumi- ndlr) (…) vient de s'immiscer dans l'affaire d'une manière intrigante (…) en soutenant le comité fantoche (…) décrié par l'ensemble du arch.» La partie contestée englobe les familles du village Izaouiyen voulant une gestion sans partage de cet établissement religieux. «Nous sommes les seuls descendants du cheikh M'hamed Ben Youcef qui fonda la zaouïa, il y a cinq siècles», dira un membre de l'association. Pour mettre fins à toutes les polémiques, les représentants d'Izaouiyen tentent de «dépolitiser» l'engagement de Khalida Toumi dans le nouveau bureau de l'association religieuse. «Mme Toumi a intégré notre association à titre personnel en sa qualité de membre de la famille, ce qui est de son droit, et non pas en tant que ministre», dira un vice-président de l'association, estimant que le patrimoine foncier de la zaouïa constitue le principal enjeu du conflit. En effet, explique-t-il : «Durant les années 1970 et 1980, beaucoup de personnes ont accaparé des terres et des oliveraies appartenant à la zaouïa, lorsque celle-ci était gérée par un comité collégial composé de délégués des dix villages de Sidi Ali Moussa. Ce sont donc ces personnes qui ont provoqué cette contestation pour détourner les regards de ce problème afin que la zaouïa ne récupère pas ses biens.» A l'heure actuelle, c'est le statu quo. Le wali a reçu récemment les deux parties antagonistes sans pour autant parvenir à débloquer la situation. La direction des affaires religieuses, quant à elle, n'a pas les instruments juridiques adéquats lui permettant d'intervenir, sachant qu'elle n'assure aucun contrôle réel sur les biens et la gestion des zaouïas.