La rumeur, sans doute amplifiée par les perdants d'appels d'offres internationaux, selon laquelle l'Algérie aurait confié la réalisation de l'essentiel de ses infrastructures à des entreprises étrangères, notamment chinoises, est contredite ou, pour le moins, fortement relativisée par les chiffres du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Les chiffres qui nous ont été communiqués par un haut cadre de cette institution, qui a souhaité garder l'anonymat durant cette période de probable remaniement ministériel, font état d'un nombre total d'à peine 25 000 travailleurs étrangers titulaires de permis de travail exerçant en Algérie, généralement sur des chantiers de bâtiment, de travaux publics et d'hydraulique. Avec environ 21 000 travailleurs, en bonne partie affectés aux chantiers de réalisation de logements et d'infrastructures de base, la main-d'œuvre chinoise est assurément la plus nombreuse. Elle est, de ce fait, l'objet de critiques acerbes notamment de la part de certains médias français qui ont consacré de nombreux articles à ces entreprises chinoises « venues prendre des emplois dont avaient surtout besoin les Algériens souffrant du chômage ». Il est bien évident que ce discours d'apparence philanthropique vise surtout à éloigner les concurrents chinois d'Algérie, en les diabolisant. Or, comme l'attestent les statistiques du ministère du Travail, les emplois offerts aux étrangers, chinois y compris, ne représentent qu'une goutte d'eau dans l'océan, au regard des 2,3 millions d'emplois occupés par des Algériens. Les 25 000 emplois offerts aux étrangers ne représentent en effet que 0,8% environ du total des travailleurs salariés officiellement déclarés dans notre pays. Notre source a tenu à nous préciser que les travailleurs étrangers sont, dans l'écrasante majorité, titulaires de visa et de permis de travail, n'excédant pas trois mois. De ce fait, il n'y a vraiment aucun risque qu'ils s'installent durablement dans notre pays. Au-delà des bonnes relations que la Chine et l'Algérie ont toujours entretenu (durant les années 1970, l'Algérie a beaucoup aidé la Chine à intégrer l'ONU d'où elle était exclue et les dirigeants chinois ne l'ont jamais oublié), l'utilisation de la main- d'œuvre étrangère est devenue incontournable eu égard à l'évolution des techniques de construction, à l'absence de grandes entreprises algériennes et à la nécessité de réaliser vite et à moindre coût certains projets inscrits dans les programmes de relance.