L'Algérie n'a formé aucun scénariste depuis l'indépendance », a déploré le réalisateur Ali Mouzaoui jeudi dernier à Tizi Ouzou. Invité du forum Paroles aux artistes qu'anime mensuellement Slimane Belharet à la maison de la culture Mouloud Mammeri, l'orateur n'a pas manqué de mettre en lumière les difficultés auxquelles sont confrontés les professionnels du métier. « La formation est le talon d'Achille du 7e art dans notre pays. Nous en souffrons beaucoup. Depuis exactement 1982, l'Algérie a fermé les portes devant ceux qui voulaient faire carrière dans ce métier. Il n'y a plus eu de promotions. A l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel (Ismas), les critères de recrutement sont faussés. Nous avons essayé d'attirer l'attention de la ministre la Culture sur l'état des lieux du cinéma et avec laquelle nous avons tenu cinq rencontres. Nous lui avons exprimé nos besoins ainsi qu'un canevas pour la formation », a-t-il ajouté. Sur un autre volet, il a estimé que « le système d'Etat casse les ressorts du cinéma » qui se gère, selon ses dires, « de façon catastrophique ».Il poursuit : « Le cinéaste n'est pas un salarié. Le travail de création est art de liberté. Et dire qu'il y a beaucoup de gens qui prennent un salaire sans le mériter. A l'ENTV (télévision algérienne, ndlr), des personnes qui n'ont pas fait un mètre de pellicule gagnent plus qu'un professeur à l'hôpital. » Agé de 56 ans, Ali Mouzaoui est titulaire d'un diplôme de metteur en scène de films d'arts et un diplôme de mastère of Arts obtenu à l'Institut supérieur du cinéma de l'ex-URSS. De retour au bercail, il se consacrera à son métier. Il a réalisé plusieurs films documentaires dont Dda L'Mouloud (film consacré à Mouloud Mammeri) et Le Bijou d'Ath Yenni. Il a aussi produit des films de fiction comme Début de saison, Les bandits d'honneur de Kabylie, Les Piments rouges, Portrait de paysagiste et Mimezrane (la fille aux tresses). Il est également conseiller artistique dans le film La Colline oubliée de Abderrahmane Bouguermouh. En 2008, il a obtenu le prix spécial du jury, lors de la 8e édition du Festival du film amazigh qui s'est tenu à Sétif pour son film Mimezrane. Ce même court-métrage a eu deux prix aux Maroc (meilleur film et meilleur scénario). En projet, un documentaire sur la vie et l'œuvre de l'écrivain Mouloud Feraoun, dont le premier coup de manivelle a été donné à Tizi Ouzou fin mars 2009. Ali Mouzaoui a signé, par ailleurs, en 2005, son premier roman intitulé Thirga au bout du monde, paru aux éditions l'Harmattan.