Il y avait une époque qui a – malheureusement – survécu où le travail des enfants était considéré comme étant un tabou. On évitait d'en parler pour ne pas regarder la réalité en face et ne pas affronter une situation socio-économique faite de contraintes, de conditions de vie lamentables, voire de misère pour certaines familles sans ressources ni soutien. C'est parce que la loi interdit le travail des moins de 18 ans, qui doivent se trouver à cet âge-là sur les bancs de l'école, que le ministère de l'Education nationale est à chaque fois montré du doigt d'autant plus que la législation scolaire préconise une scolarité obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans. Puis à partir de cet âge, l'adolescent peut être dirigé vers les centres ou les instituts de la formation professionnelle dont le département ministériel est également concerné par le problème. Non seulement, plusieurs secteurs d'activité prisent beaucoup l'emploi des enfants car dociles, non revendicatifs et sans charges sociales – les enfants ne sont ni syndiqués ni assurés –, mais également sous-payés car leur quête se résume à assurer à tout prix, le minimum pour vivre dans le cas de familles, surtout traditionnelles, sans soutien paternel. Mais d'autres « métiers » touchent aussi les enfants : en Afrique noire et en Amérique latine, les enfants soldats sont légion. Dans certains pays de ces deux continents notamment, des innocents sont enrôlés pour aller bourlinguer sur les champs de bataille, entraînés dans des conflits tribaux et ethniques (particulièrement en Afrique), ou au service des barons de la drogue (Amérique latine, notamment). Dans les deux cas, ils sont utilisés comme chair à canon. C'est dans ce sens qu'une journée d'étude sur le sujet avait été dernièrement initiée par la direction de l'action sociale de la wilaya de Bouira en coordination avec plusieurs directions et organismes dont des associations de la société civile. Le thème de cette journée a été très apprécié par l'assistance qui était formée en grande partie de parents et d'enfants. Les différentes interventions ont été très pertinentes. Tous les animateurs et conférenciers sont d'accord pour tirer la sonnette d'alarme à propos du travail des enfants dans la wilaya. En ouverture, le directeur de l'action sociale parlera longuement du danger qui guette les enfants travailleurs. Le représentant de l'Inspection du travail mettra l'accent sur la santé de l'enfant qui commence le travail en bas âge. M. Bechout, inspecteur et représentant l'éducation donnera des chiffres inattendus sur la déperdition scolaire et fera un appel pour établir un fichier national des familles démunies car, selon lui, « la pauvreté est la raison principale des abandons de l'école ». Les statistiques du BIT (Bureau international du travail) sont quant à eux effarants : en 2008, plus de 300 millions d'enfants travaillent dans le monde parmi lesquels 70 millions sont exploités comme des esclaves. Un grand nombre d'entre eux le sont sexuellement comme dans l'Asie du Sud-Est où le tourisme sexuel fait des ravages (notamment la pédophilie). Pour le BIT, « l'exploitation économique des enfants est une insulte à l'humanité ». En premier, l'Asie avec 166 millions d'enfants exploités, puis vient l'Afrique : 93 millions, en troisième position : L'Amérique latine où 30 millions d'enfants ont une activité illégale. Chez nous, c'est cette catégorie de familles démunies qui amènent directement ou indirectement leur progéniture à mettre un terme à leur scolarité pour aller chercher un « job » afin de subvenir aux besoins de leurs frères et sœurs. Mais, dans la plupart des cas, c'est l'aîné lui-même, de son propre gré et parfois avec « joie » qui abandonne l'école pour aller gagner sa vie et aider sa maman à entretenir toute la famille. Il y a également des cas où sans suivi et sans soutien notamment paternel. Dans d'autres cas, l'enfant fuit l'école après qu'il ait été entraîné par les éléments délinquants d'un milieu qu'il fréquentait jusque-là. Ainsi quand ce n'est pas une activité rémunérée qui l'occupe, l'innocent garçon est absorbé, happé par toutes sortes de fléaux sociaux tels la drogue, le vol… Remarquons que dans les milieux traditionnels, ces phénomènes touchent beaucoup plus les garçons que les filles. Au niveau de la wilaya de Bouira, à titre d'exemple, durant l'année scolaire 2004/2005 sur 55 353 élèves scolarisés, il y a eu 7 472 abandons. C'est-à-dire 13% parmi lesquels l'office d'alphabétisation n'a récupéré que 385. En 2007/2008 seulement 317 ont été « repêchés » parmi 5 729 abandons sur un total 54 901 élèves scolarisés. C'est effarant, c'est énorme. C'est pour cela qu'à tout prix, tout le monde doit faire sien le slogan : « Occupons l'enfant avant qu'il ne se donne lui-même une occupation. »