Le metteur en scène, Baki Boumaza, est mort à la fin mars dans un accident de la circulation, à Paris. Alors qu'il circulait en Vélib (ces bicyclettes louées à l'heure), à Paris, un camion a eu raison de lui. Le journal Le Monde lui ouvre une colonne dans sa page « Disparitions », le 13 avril dernier. Le défunt avait 64 ans. « Né le 13 octobre 1944 à El Hadjar, en Algérie, il avait étudié le droit et le journalisme à Fribourg en Suisse, avant de se former au théâtre, en étant l'assistant notamment de Roger Planchon et Antoine Vitez (en France). C'est avec Un enfant dans la guerre, de Saïd Ferdi, joué à Avignon en 1987, qu'il trouve la voie de son théâtre, modeste, précis et engagé. Toutes ses mises en scène dessinent un portrait historique, politique et poétique de l'Algérie : La Question, d'après Henri Alleg (1990), Noces à Tipasa, d'après Albert Camus (1992), Le Cadavre encerclé, de Kateb Yacine (1994), Le Pain, d'Abdelkader Alloula (2003), et surtout, Lettres d'Algérie, un spectacle conçu à partir de lettres d'Algériens anonymes publiées dans Le Monde du 18 au 24 novembre 1997. Créées en avril 1998 au Théâtre de l'Odéon, à Paris, les Lettres d'Algérie ont été depuis souvent reprises . Dans un entretien à une radio tchèque, il disait, à propos de Camus qui l'a beaucoup inspiré : « Ce qui me fascine, c'est la révolte. Moi, je suis un homme révolté aussi. En plus, quand je lis ça, je sens les odeurs de la Méditerranée... Quand on voit le spectacle, on a des odeurs, des parfums, des couleurs... En même temps, ces textes sont d'une grande actualité »… .