Cédé à 97 DA il y a un mois, un euro se négocie à 101 DA, voire plus sur certaines places de change parallèle. Au square Port Saïd à Alger, cette placette bien connue de la capitale en face du Théâtre national algérien (TNA), 100 euros valent 10 100 DA. Il y a une semaine, un euro se vendait à 99 DA. Hier, il a franchi la barre des 100 pour se stabiliser aujourd'hui autour de 101 DA», relève Adlen, un cambiste clandestin de 30 ans, qui considère ce taux comme le plus élevé depuis plus d'une année. Fin 2006, la cotation de l'euro sur le marché parallèle avait connu une dévaluation appréciable, atteignant le seuil le plus bas de l'histoire de cette monnaie. Un euro valait à cette époque moins de 95 DA. La tendance a duré quelques mois en raison de la baisse de la demande. «Ces jours-ci, nous recevons des demandes pressantes de sommes colossales, qui s'élèvent parfois à des millions d'euros. C'est une situation particulière. D'ailleurs, moi-même j'ai eu du mal à répondre à la demande de mes clients», souligne Adlen. Au marché Clauzel, l'actuel Rédha Houhou, le mouvement haussier de la prestigieuse monnaie de l'Union européenne se confirme : un euro vaut entre 100 et 101 DA à la vente et entre 105 et 110 à l'achat. Ainsi, après la dégringolade qui a commencé au lendemain de l'interdiction de l'importation des voitures de moins de trois ans en 2006, l'euro retrouve son prestige et s'affirme davantage comme la monnaie la plus forte sur la place d'Alger. «Cela est dû à l'indisponibilité de cette monnaie sur le marché informel. D'habitude, en cette période, cette monnaie connaît une dépréciation par rapport au dinar en raison de l'arrivée en cohorte d'émigrés venant d'Europe», observe Amine, un autre cambiste, de surcroît vendeur d'articles de sport au centre d'Alger. «Il y a deux mois, la parité entre les deux monnaies (euro et dinar) tournait autour de 9 400 DA pour 100 euros», affirme-t-il. Selon lui, cette hausse subite et inhabituelle s'explique à la fois par la demande croissante en devises de la part des Algériens partant en vacances à l'étranger et surtout par l'importante demande d'importateurs et de trabendistes. Ceux-ci tentent de profiter des grands soldes en Chine pour ramener des marchandises de marque à bon prix. «J'ai reçu plusieurs commandes de la part d'affairistes qui investissent dans l'import-import. Ils demandent des sommes colossales en urgence. Parfois, je n'arrive pas à les satisfaire dans les délais», avoue-t-il, nous demandant, en bonimenteur qu'il est, si nous n'aurions pas de devise à vendre.