Que l'allocation voyages, d'études ou de soins triple, quadruple ou se multiplie à l'infini, elle n'aura aucune incidence sur les cours des devises au marché parallèle du change. Et pour cause Lyas Hallas Alger (Le Soir) Au square Port-Saïd tout comme le marché Réda Houhou (ex-Clauzel), les «cambistes » du marché noir semblent développer des anticorps efficaces contre les effets d'annonces. Ils sont insensibles aux décisions du gouvernement en matière de politique monétaire et, certains d'entre eux, ne savent même pas si les allocations de voyages, d'études et de soins seront augmentées. Annoncée par le Premier ministre il y a une dizaine de jours -le gouverneur de la Banque d'Algérie a promis dimanche d'en communiquer incessamment les détails-, l'augmentation promise des allocations voyages, d'études et de soins n'a eu aucune incidence sur l'euro, devise la plus demandée au change. Au contraire, la monnaie européenne garde son niveau du début de l'année et enregistre même des hausses. «Je ne sais pas. Franchement, aucune idée. Cela n'a pas influé sur le cours de l'euro en tout cas», a répliqué un commerçant du marché Clauzel. Ce marché, faut-il le souligner, est l'une des plus importantes «place financière» d'Alger. Les vendeurs de prêt-à-porter, plus discrets que ceux du square Port-Saïd, utilisent leurs vitrines comme couverture au commerce de devises. De même que cette activité illégale de change leur permet de s'approvisionner en devises pour les besoins de leur «commerce à la valise». «On s'en fiche de ce que font les banques, on travaill maâ shab el kaba » Le prix de l'euro vacille entre 146 dinars et 147 dinars à l'achat et entre 147,5 et 149 dinars à la vente et ce, depuis plusieurs mois. Or, s'accordent à dire les cambistes abordés sur les deux places précitées, au moins ceux qui ont eu vent de cette mesure fortement répercutée par les médias algériens, «cette augmentation n'a pas eu, et n'aura pas d'incidence sur les prix appliqués dans le marché noir». Pour deux raisons D'abord, avance-t-on, parce que «quelle que soit l'augmentation, elle n'influera pas sur la demande des devises». «Ils vont tripler, quadrupler ces allocations de devises ?! Cela ferait 500 euros tout au plus pour l'allocation voyage. Qui peut voyager avec 500 euros ? La même chose pour les études ou les soins. Ils ne vont pas vous changer autant que vous le voulez et les gens continueront à recourir au black », a estimé un cambiste du square Port-Saïd. Plus téméraire que celui-là, un autre revendeur du même square a mieux «expliqué» la chose et les pouvoirs publics ne seraient ainsi pas intervenus là où il faut pour juguler le phénomène : «Nous, on s'en fiche de ce que font les banques, c'est nous qui fixons les prix dans notre marché et, si on veut le porter à 150 DA ou le faire descendre à moins de 100 DA, on le fera. Puis, ceux qui étudient ou se soignent à l'étranger nous importent peu. H'na nakhdmou maâ li yakhdmou âla charhoum, shab el Kaba (Nous on travaille avec ceux qui gagnent leur pain à la sueur de leur front, ceux qui sont dans le commerce informel à la valise ou le trabendo, Ndlr)». Ce sont donc les barons de l'informel qui alimentent cette activité illégale, exercée au grand jour, au nez même de la police. Et si la décision du gouvernement, si salutaire qu'elle soit, pour ceux qui ont besoin de devises pour aller à l'étranger, vise à s'attaquer à l'informel en amont, elle ne sera qu'un coup d'épée dans l'eau. C'est que le marché algérien est structurellement sous-approvisionné et on ne recourt plus à la valise pour subvenir à la demande croissante sur les produits «made in». Plutôt, croit-on savoir, «aux choualates (grands sacs en plastiques, Ndlr) qui sont transportés dans les containers avec la complicité des transitaires ». Et il faudrait amasser beaucoup de devises sans passer par les circuits légaux