Les maintes doléances adressées aux responsables demeurent sans écho, et les efforts des élus communaux pour remédier aux problèmes sont en bute à un esprit corporatiste de la part des employés de l'état civil, capable de résister aux responsables hiérarchiques, sinon de faire dans la politique et jouer le jeu des groupes partisans. Il est 8h 30, et une pléthore d'employés s'arrangent du mieux qu'ils peuvent pour provoquer des poussées d'adrénaline chez des dizaines de citoyens, qui font quotidiennement le pied de grue avant l'ouverture des bureaux pour subir ensuite l'arrogance des préposés aux guichets. Après une demi-heure de discussion avec les collègues, hommes et femmes rejoignent leurs postes de travail avec une lenteur démoralisante. Une sexagénaire nous lance tout de go : « Ça fait exactement une semaine que j'essaie d'avoir un extrait de naissance sans y parvenir». Le guichet réservé à la délivrance de ce document est, en effet, submergé par les citoyens et pour cause, le préposé au guichet refuse les livrets de famille au-delà de 9 h du matin. Il en prendra environ dix et dira, l'air agressif : « Les autres, revenez demain». Ceux de demain et ceux d'aujourd'hui formeront une foule plus compacte, et c'est ainsi que la situation se complique davantage pour les citoyens ; les livrets de famille sont rendus avec la pièce demandée huit heures après. Un jeune de 18 ans, venu réclamer un carnet de famille, déposé depuis deux jours, a eu pour interlocuteur un agent de gardiennage revêche et à la langue acerbe. Celui-ci assure le rôle de « videur»et «d'appariteur», et se permet de remplir des documents officiels pour ses amis, au vu et au su de tout le monde. Pis encore, un jeune homme, qui a rouspété, a été séquestré par ce même quidam pendant plus de vingt minutes. Démarche approuvée par un policier en uniforme, et visiblement peu appréciée par un autre on ne peut plus réservé dans ses relations avec les employés de l'état civil. Les mesures de faveur n'ont pas cessé au-delà de 9 heures, et plusieurs pièces ont été fournies de l'autre côté à quelques nec plus ultra. Chose qui provoquera la colère d'une dame réclamant justice. Des propos indignes d'une fonctionnaire d'un service public seront proférés à son encontre, et une bouteille d'eau minérale remplie lui sera envoyée en plein visage. Le chef de service dira à un citoyen exacerbé par une interminable attente et l'illégalité de la démarches : «Si je te refuse un quelconque papier, tu ne l'auras pas, même si tu te plains à Dieu (rouh echki errabi». Le chef de service passera deux heures à valider les actes de mariage dans la salle des fêtes, et à 11h 30 la majorité des employés est déjà chez soi. C'est à partir de pareilles situations que l'on peut juger de la dégradation des rapports citoyens-Etat.