Les praticiens de santé publique pourraient bien reprendre leur mouvement de grève, gelé à la veille de la dernière élection présidentielle, le mois prochain. Le président de leur syndicat (SNPSP), Salah Bensemaïni, a soutenu, lors d'une conférence de presse organisée hier à Alger, que les adhérents de son organisation ont la volonté et les moyens d'enclencher un débrayage de deux ou trois mois pour faire aboutir leurs revendications, surtout salariales. « Ce n'est pas un chantage », dira-t-il, mais la situation sociale des médecins, spécialistes et généralistes, et des pharmaciens, est telle « qu'on ne peut pas se taire ». « Nous ne faisons plus partie de la classe moyenne », déplore le président du SNPSP, qui en veut au ministre de la Santé, Saïd Barkat, qui, selon lui, « a eu l'outrecuidance de qualifier la grève de politicienne parce qu'elle a été déclenchée à la veille du 24 février, date de la création de l'UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures ». « Nous sommes apolitiques », renchérit-il, avant d'expliquer pourquoi son syndicat devrait attendre jusqu'au mois de mai pour reprendre le mouvement de contestation. Il doit d'abord, dira Salah Bensemaïni, renouveler ses instances dont le mandat a pris fin en janvier dernier. Le SNPSP tiendra son cinquième congrès les 12, 13 et 14 mai prochain à Tipaza. « C'est là que la décision de reprendre la grève ouverte doit être prise si rien ne change d'ici là », menace le responsable syndical qui n'a cependant pas beaucoup d'espoirs de voir les revendications des praticiens de la santé publique aboutir vu « les échos qui parviennent de la chefferie du gouvernement et qui font état que les propositions formulées dans l'avant-projet de statut particulier de la Fonction publique ont été toutes rejetées ». Souhaitant de tout cœur le départ de l'actuel ministre de la Santé, Saïd Barkat, Salah Bensemaïni n'a pas épargné également le ministère de la Justice qui « les a condamnés à tort ». Le conférencier souligne avec dérision que « les portes du ministère sont ouvertes mais pas pour le dialogue comme ils le disent ». 28 jours de grève et « personne n'a daigné nous recevoir même avec l'apport de la commission santé de l'Assemblée populaire nationale qui a tenté, vainement, une médiation avec le ministère de la Santé », s'indigne M. Bensemaïni, qui souhaite que « les promesses du président Bouteflika soient traduites par des décisions concrètes ». Il y va, selon lui, « de la qualité de la santé dans notre pays, et surtout de la préservation des cadres du secteur qui quittent l'Algérie ». « Savez-vous, déplore-t-il, que le salaire d'un médecin qui a 20 ans d'expérience ne dépasse pas 40 000 DA ! »