Trois personnalités politiques, Hocine Aït Ahmed, leader du FFS, Abdelhamid Mehri, ancien secrétaire général du Fln, et Mouloud Hamrouche, ancien chef de gouvernement, viennent de rendre publique une déclaration commune appelant à la mise en place «d'un processus de démocratisation du pouvoir, de son exercice et de son contrôle». Ce n'est pas la première fois que ces personnalités, qui partagent la même vision de la crise qui secoue l'Algérie et des solutions à mettre en œuvre pour en sortir, interpellent le pouvoir pour demander une réelle démocratisation du système politique qui passe par l'alternance au pouvoir et une ouverture véritable du champ politique et médiatique, préalable à toute aspiration démocratique. En d'autres occasions, les mêmes personnalités, séparément ou de manière solidaire, ont eu à dénoncer l'impasse politique dans laquelle se trouve le pays et le refus du régime à se réformer et à s'ouvrir sur la société. En dehors du leader du FFS, dont le discours radical et sans concession à l'encontre du régime est une constante de la ligne politique du parti, les visions politiques de Hamrouche et de Mehri qui se revendiquent, à des nuances près, comme «des enfants du système», ont évolué au rythme des événements qui ont marqué le pays au cours de ces dernières décennies. Excommuniés du Fln d'abord, du système ensuite qui les a mis en quarantaine politique, leurs positions et leur lecture sur la crise se sont durcies pour prendre tous les contours d'une ferme opposition au pouvoir, même si pour des raisons tactiques évidentes, elles ne se déclinent pas ouvertement comme telles. Pour des raisons différentes, tout en se rejoignant sur le fond : le changement du système et sa démocratisation, chacune des trois personnalités a un compte à solder avec le pouvoir ou des cercles du pouvoir. La nouveauté dans la déclaration de ces trois personnalités est qu'elle ne se suffit pas, comme à l'accoutumée, de discours politiques de dénonciation du système sans lendemain. Elle pose, cette fois-ci, les jalons d'une initiative politique de sortie de crise qui se veut ambitieuse et fédératrice de toutes les composantes de la société, sans exclusive. Un appel est lancé à cet effet à tous les segments de la société pour s'impliquer et s'engager dans la concrétisation du processus de démocratisation du pouvoir envisagé. Pour l'heure, on n'en sait pas plus sur les fondements et la portée politique de cette initiative politique qui ambitionne de rompre le monologue du pouvoir dans lequel s'est installé le pays, du fait du verrouillage du champ politique. Connaissant la prudence qui a toujours caractérisé Hamrouche et Mehri dans leurs rapports avec le pouvoir de par les liens que ces personnalités ont conservés avec des cercles influents de ce pouvoir, il y a lieu de se demander si cette initiative, qui intervient dans un contexte politique où la question de la gouvernance et de la succession est posée, même en respectant l'échéance du mandat présidentiel, n'a pas la couverture politique et la bénédiction des décideurs. Un signal politique que le retour en Algérie de Aït Ahmed pourrait corroborer.