Les partis refusent d'encaisser un processus auquel ils n'ont pas été sollicités. «Un non-événement.» C'est en ces termes que les partis politiques qualifient l'initiative de sortie de crise rendu publique, le 14 de ce mois, par MM.Hocine Aït Ahmed, Abdelhamid Mehri, et Mouloud Hamrouche. La déclaration en question ne suscite aucun intérêt. Contacté par L'Expression, M.Si Afif, député FLN, estime que quand une initiative ne suscite aucune réaction «positive ou négative dans la classe politique, cela signifie qu'elle n'apporte rien de nouveau. Et par voie de conséquence, elle ne mérite pas d'être débattue». Plus explicite, notre interlocuteur pense que la démarche des trois leaders politiques est «un non-événement.» «Ce n'est pas la première fois que Aït Ahmed ou autre personnalité politique, lancent une initiative de sortie de crise. Souvent, ces déclarations sont remises dans le placard, et avec le temps tout le monde finit par les oublier.» La lecture des autres partis politiques que nous avons sollicités ne diffère pas beaucoup de celle du FLN. Le rejet de l'initiative du 14 septembre a paradoxalement fait l'unanimité «sur son rejet». Abdelkrim Dahmane du Mouvement de la société pour la paix (MSP) souligne que chacun est libre de soumettre des propositions de sortie de crise qu'il juge «convenables et opportunes, mais cela ne veut pas dire que la démarche aboutira de facto à des solutions». «La crise que connaît le pays, ajoute-t-il, est complexe et nécessite plus d'efforts». Ce qui complique davantage la situation et rend «marginale» toute initiative; c'est, selon lui, dû à «l'absence de débat public face au verrouillage des médias lourds et au manque de consensus au sein de l'APN.» «S'il n'y a pas de débat, les initiatives demeurent au stade théorique». «C'était le sort réservé à nos récentes propositions de sortie de crise»; celle du FFS ne fera donc pas l'exception, de l'avis du MSP. «Au MSP, nous sommes ouverts à toutes les idées, y compris celles exprimées dans la déclaration du 14 septembre, mais à l'heure actuelle personne ne nous a sollicités.» Avant de poursuivre que «le FFS doit faire un pas vers les partis pour enrichir son initiative». En effet, la brève déclaration rendue publique par Aït Ahmed, Hamrouche et Mehri ne fait aucune allusion au destinataire de cette déclaration. Si dans le quatrième et cinquième paragraphes «toutes les composantes de la société» sont appelées à s'impliquer dans le «processus de démocratisation du pouvoir, de son exercice et de son contrôle», aucun mot n'est soufflé sur les outils permettant la mise en oeuvre de cet objectif. C'est ce qui fait dire au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) que «l'initiative ne mérite aucun commentaire». «La déclaration traduit les voeux et les idées de trois personnalités politiques qui se sont rencontrées et ont discuté de la situation qui prévaut dans le pays», atteste M.Djamel Fardjallah, député. D'ailleurs au RCD on refuse de parler «d'initiative»: «C'est pour nous une déclaration qui engage ses instigateurs», ajoute-t-il. Une initiative nécessite un débat, des mécanismes de mise en oeuvre. Or, les trois leaders «se sont contentés d'une brève déclaration» souligne-t-il. Pour sa part, le Parti des travailleurs ne se sent pas concerné par cette initiative. M.Ramdane Taâzibt, cadre au parti rappelle que «le PT n'a été ni associé ni sollicité» par les trois hommes politiques. «C'est une démarche de responsables politiques qui ont jugé utile de rendre publique une courte déclaration pour exposer leur point de vue sur la crise.» C'est la lecture juste qu'il faut donner à cette sortie. La position des partis politiques laisse planer le doute sur l'avenir réservé à l'initiative d'Aït Ahmed, Hamrouche et Mehri. Comment feront ces trois hommes pour venir à bout de leur objectif face au rejet quasi unanime de la classe politique de s'allier à ce processus?