Hier, le procureur près la cour criminelle de Annaba a requis à l'encontre de six faussaires et escrocs 15 ans de prison ferme et 5 ans de prison ferme pour 17 autres, tous des vieux, accusés de complicité. Les 23 personnes, dont 4 fonctionnaires, sont impliquées dans l'affaire des faux moudjahidine déclenchée en février 2006 par les services de la Gendarmerie nationale à Annaba. L'enquête sur les faux moudjahidine bénéficiaires de divers avantages liés à cette qualité avait permis de débusquer à l'époque 26 personnes. Six d'entre elles, dont un chef de service de la Caisse nationale de retraite (CNR), un correspondant social de l'entreprise Ferphos, un agent d'Algérie Poste, une jeune fille âgée de 25 ans et deux retraités, ont été placés sous mandat de dépôt, dès leur présentation à la justice par le magistrat instructeur. Ce dernier avait également décidé, pour rappel, de la mise sous contrôle judiciaire de vingt autres bénéficiaires de fausses attestations d'anciens moudjahidine. La perspicacité, et surtout la volonté d'améliorer la prise en charge des doléances des prestataires de service de son institution, ont permis à la nouvelle direction de la CNR de Annaba de découvrir ce que d'aucuns qualifient de réseau de trafiquants de fausses attestations d'anciens moudjahidine. Une petite anomalie relevée dans la composition des caractères de l'imprimé du document fourni par un des faussaires avait permis au responsable de la CNR de mettre au jour l'arnaque dont était victime, entre 2001 et 2005, son institution. La tentative de faux et usage de faux avait été consolidée par la démarche de l'auteur qui avait préalablement insisté pour jouir de l'ensemble des avantages liés à la qualité d'ancien moudjahid. Constatant que son faux avait été éventé, cet individu avait fait marche arrière, affirmant ne plus être intéressé par un quelconque avantage, tout en demandant à récupérer la fausse attestation d'ancien moudjahid. Saisie, la direction générale avait aussitôt alerté, en juin 2005, les services du ministère de la Justice pour l'ouverture d'une enquête. Diligentée par la gendarmerie de la wilaya de Annaba, elle avait permis d'identifier avec exactitude les 26 premiers noms des personnes directement ou indirectement impliquées dont 3 ont manqué hier à l'appel, car décédées. A l'heure où nous mettons sous presse, le procès se déroule toujours.