Pour détournement des biens d'ArcelorMittal, faux et usage de faux, évasion fiscale et complicité, le magistrat instructeur près le tribunal d'El Hadjar (Annaba) a ordonné, hier en début de matinée, la mise sous mandat de dépôt de Fellah Hacène, l'actuel vice-président de l'APW de Annaba et l'un des plus grands magnats de la ferraille en Algérie. Jamel Bara, le directeur de Fersid, une filiale d'ArcelorMittal chargée de la réception de la ferraille et Bediar. A., entrepreneur spécialisé dans la récupération de la ferraille à El Tarf et ses deux assistants Nécib.B et Berrak.D ont fait l'objet de la même mesure. Le même juge a émis un mandat d'arrêt à l'encontre de Bechiche Lakhdar, Zaïdi Kamel et Lakhdari Abdelwahab, respectivement ex-responsable de la sécurité, agent de sécurité et entrepreneur sous-traitant à ArcelorMittal. Le chauffeur de l'accusé principal et deux photographes ont été, quant à eux, placés sous contrôle judiciaire. Il a fallu plus de 20 heures d'auditions pour que le magistrat instructeur de la troisième chambre arrive à égrener un chapelet de malversations contenues dans cet épineux dossier révélateur de l'affairisme effréné dont le plus important chiffre cité est 700 milliards. Evasion fiscale et transactions douteuses qui ont poussé la direction des impôts à se constituer partie civile dans cette rocambolesque affaire. Pour préserver ses droits, la direction d'ArcelorMittal s'est, selon son responsable juridique, également constituée partie civile. Toutes ces personnes confondues dans ce tentaculaire scandale ont été citées par Hacène Fellah. De par son poste de coordinateur national de l'Organisation nationale de la protection et de l'insertion des détenus dont le siège local a été scellé par le CTRI(DRS), Fellah Hacène aurait même cité le nom d'un haut cadre du ministère de la Justice qui réside à Annaba. Sans agrément, cette organisation active depuis 2003. Devant les enquêteurs du CTRI, d'autres hautes personnalités très influentes ont été évoquées dans l'enquête préliminaire mais non convoquées de par la sensibilité de leur poste. Par ailleurs, dans le lot des accusés en fuite, émergent, outre des employés de sécurité, Lakhdari Abdelwahab un jeune entrepreneur spécialisé dans la récupération de la ferraille. Il n'est autre que le fils de Lakhdari Ahmed l'ex-responsable de la sécurité du complexe du temps de Sider. Ce dernier avait même était poursuivi dans une affaire de détournement, emprisonné et blanchi 4 ans après. C'est dire que tout est lié à la récupération de la ferraille et converge vers le complexe d'ArcelorMittal, devenu par la force des choses une vache à traire. Cette affaire de « mains propres » avait été déclenchée, pour rappel, à Annaba le 25 avril 2009. Soupçonné de blanchiment d'argent, de recours à la corruption pour briguer un haut poste politique, d'une opulence ostensible, d'enrichissement illicite et d'abus d'influence, Hacène Fellah, le président d'honneur du club du football USMAnnaba, avait été arrêté par les éléments du centre territorial de la recherche et d'investigation (CTRI) El Hadjar. Il s'agissait de la plus impressionnante arrestation opérée depuis plusieurs années dans la région après celle de deux gestionnaires indiens de Grant Smith Work's (GSW) dont la firme est spécialisée également dans la récupération de la ferraille. Ces deux gestionnaires et leurs deux complices purgent actuellement une peine de 3 ans. Bien qu'il fût un très influent vice-président de l'APW, élu sur une liste RND, son institution n'a pas daigné intervenir. Lui qui annonçait déjà avec certitude son prochain passage au Sénat est actuellement en disgrâce. D'aucuns n'imaginaient pas ce retour de manivelle dans un univers où la grande criminalité en col blanc a poussé la population locale à conclure à un profond malaise dans les rouages de notre sphère politique.