De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Hier au niveau du tribunal d'El Hadjar, les auditions de témoins et d'accusés dans l'affaire de M. Fellah Hacene, vice-président de l'APW de Annaba se poursuivaient encore et, selon toute vraisemblance, ce sera encore une nuit blanche à passer dans les couloirs de cette institution qui a vu défiler du «beau monde» durant le week-end dernier. Devant le bureau du juge d'instruction, il y avait une dizaine de personnes qui attendaient l'arrivée du magistrat depuis plus de 3 heures, celui-ci était bien entré dans son bureau vers 9 heures pour en ressortir aussitôt. Sur les chaises dans le couloir, parmi les convoqués, 2 jeunes présentés comme témoins suite à la mise sous contrôle judiciaire du garde du corps du vice-président de l'APW. Celui-ci est poursuivi pour usurpation de fonction pour avoir prétendu être officier de sécurité à la présidence de la République. Il avait fait procéder à un montage photo dans lequel il est représenté avec le Président comme garde du corps. Les 2 jeunes, l'un photographe ambulant de son état, l'autre infographe, devaient être entendus par le juge d'instruction de la 3ème chambre. «Il s'est présenté comme officier de la sécurité présidentielle et je l'ai cru parce que je l'ai vu à plusieurs reprises dans des cortèges officiels, nous confie le jeune photographe, il m'a demandé de lui indiquer un laboratoire où on peut lui faire un montage et je le lui ai indiqué. La suite ? Comme vous le voyez, j'attends le juge, j'ai 21 ans et je n'ai jamais comparu devant un tribunal, on est venu chez moi, puis on m'a appelé sur mon portable et je me suis présenté au CTRI de Sidi Amar.» Sur les conditions de sa garde à vue, il nous a déclaré qu'il avait été bien traité et qu'il n'avait eu besoin de rien. L'autre jeune homme, infographe, travaillant dans un laboratoire en plein centre-ville, nous dira qu'il avait bien reçu le faux officier de sécurité et que, sur sa demande et après l'accord du patron, il avait procédé au montage de ladite photo. Dans le couloir, chacun attend, les avocats s'impatientent et accusés et témoins ont l'air très tendus. Certains parmi eux ont passé la nuit de jeudi à vendredi au tribunal. «Ça a commencé jeudi à 11 heures pour se terminer le lendemain à 7 heures du matin, personne n'a dormi cette nuit-là, nous confie un autre témoin, il s'agit d'une grosse affaire ! Nous, nous sommes des petits, de simples citoyens, le plus gros est à venir et la justice ne lâchera personne.» En effet, après la mise sous mandat de dépôt du vice-président de l'APW et de 7 autres de ses complices, dont le directeur de FERSID, une unité d'ArcelorMittal d'El Hadjar, pour, entre autres, évasion fiscale évaluée à 700 milliards, blanchiment d'argent et complicité de fraude, l'enquête se poursuit et il se pourrait qu'il y ait d'autres révélations. Sur la place publique à Annaba, on parle d'un autre grand ponte qui a ses entrées à El Hadjar et dont on dit qu'il était en étroite relation avec le principal accusé de cette affaire qui a vu le fisc et la direction d'ArcelorMittal se constituer comme partie civile.