L'ONU a qualifié hier de « crise humanitaire majeure » l'afflux de centaines de milliers d'habitants qui fuient les combats de la vallée de Swat et ses environs, dans le nord-ouest du Pakistan, où l'armée poursuit son offensive contre les talibans. Les militaires ont assuré avoir tué en 24 heures 52 de ces combattants islamistes liés à Al Qaïda, sans qu'il soit possible d'en vérifier le bilan. Dans la matinée, un nouvel attentat suicide, visant des soldats, a tué 10 personnes, dont huit passants, a été perpétré probablement en représailles à cette offensive lancée il y a quinze jours. Plus de 360 000 personnes ont été enregistrées dans des camps de déplacés ces dix derniers jours en provenance des districts de Swat, Buner et Lower Dir, a déclaré Manuel Bessler, le coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU au Pakistan. « Nous faisons face à une crise humanitaire majeure », a-t-il assuré, redoutant que le nombre des déplacés de Swat et sa région n'atteigne les 800 000 d'ici à la fin de l'année. Le gouvernement ne livre aucun chiffre officiel mais certains responsables locaux évoquent désormais un demi-million de déplacés depuis le début de l'offensive militaire. Les talibans s'étaient emparés, il y a deux ans, de la vallée de Swat, le site le plus touristique du pays, et l'armée n'avait jamais réussi à les en déloger durablement. A ce jour, au fil de bilans quotidiens impossibles à vérifier de sources indépendantes, l'armée a assuré avoir tué au moins 780 talibans et perdu seulement une vingtaine d'hommes. Sous les bombes des avions et des hélicoptères de l'armée et la menace des talibans qui résistent, « les gens sont piégés dans une zone fantôme où ils sont laissés et livrés à eux-mêmes, sans aucune assistance », a déploré M. Bessler. La nourriture se fait rare à Swat et les hôpitaux sont sous-équipés, a prévenu le responsable onusien. Hier matin, près de Dara Adam Khel, plus au sud, un kamikaze a précipité sa voiture bourrée d'explosifs sur un poste de contrôle routier tenu par des militaires. Deux soldats et huit passants, dont une fillette de six ans ont été tués, selon des sources militaires. Le Pakistan est en proie à une vague sans précédent d'attentats suicide pour la plupart, où plus de 1800 personnes ont péri en peu plus d'un an et demi.