Les combats se poursuivaient hier encore dans la vallée de Swat où l'armée affirme avoir tué 52 taliban en 24 heures. L'ONU a qualifié hier de «crise humanitaire majeure» l'afflux de centaines de milliers d'habitants qui fuient les combats de la vallée de Swat et ses environs, dans le nord-ouest du Pakistan, où l'armée poursuit son offensive contre les talibans. Les militaires ont assuré avoir tué en 24 heures 52 de ces combattants islamistes liés à Al Qaîda, sans qu'il soit possible de vérifier. Au moins 360.000 civils, selon l'ONU, ont fui depuis 10 jours les combats à Swat et ses environs, dans le nord-ouest du Pakistan où l'armée poursuivait hier une offensive majeure contre les taliban liés à Al-Qaîda. Dans la matinée, un nouvel attentat suicide visant les soldats a tué 10 personnes, dont huit passants, probablement en représailles à cette offensive. Même si elle n'a pas encore été revendiquée, cette attaque s'inscrit dans une série sans précédent perpétrée depuis près de deux ans par les combattants islamistes dans tout le pays. «Quelque 360.000 personnes ont été enregistrées dans des camps ou comptabilisées en dehors et constituent une partie d'un nouvel exode en provenance des districts de Swat, Buner et Lower Dir» depuis le 2 mai, a assuré Ariane Rummery, porte-parole au Pakistan du Haut commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR). Le gouvernement ne livre aucun chiffre officiel mais certains responsables locaux évoquent désormais un demi-million de déplacés depuis le début de l'offensive militaire dans la région de Swat il y a quinze jours. Les taliban, liés à Al-Qaîda, s'étaient emparés il y a deux ans de la vallée de Swat, le site autrefois le plus touristique du pays, et l'armée n'avait jamais réussi à les en déloger durablement. A la mi-février, Islamabad avait signé un accord de paix en vertu duquel les taliban acceptaient un cessez-le-feu en échange de l'instauration, à Swat et six autres districts, de tribunaux islamiques. Mais loin de déposer les armes, les combattants islamistes avaient profité du cessez-le-feu pour pousser leur avantage sur le terrain, en s'emparant des districts voisins du Lower Dir et de Buner, à une centaine de km d'Islamabad. Sous la pression intense de Washington, qui qualifiait l'accord de Swat d'«abdication» face aux islamistes, Islamabad a lancé il y a quinze jours son armée dans une vaste opération de reconquête du Lower Dir, de Buner puis de Swat. A ce jour, au fil de bilans quotidiens impossibles à vérifier de sources indépendantes, l'armée a assuré avoir tué au moins 720 taliban et perdu seulement une vingtaine d'hommes. Mais, selon des témoignages de plus en plus nombreux de personnes déplacées, ni les taliban ni l'armée n'épargnent les civils, qui meurent notamment dans des bombardements sans discrimination. Les combattants islamistes, qui, toujours selon des témoignages de résidents, opposent çà et là une forte résistance à Swat, où l'armée engage pour l'heure essentiellement ses moyens aériens, ont de nouveau recouru hier à la tactique de l'attentat suicide. Près de Dara Adam Khel, au sud de la grande métropole du nord-ouest Peshawar, un kamikaze a précipité sa voiture bourrée d'explosifs sur un poste de contrôle routier tenu par des militaires. Deux soldats et huit passants, dont une fillette de six ans, ont été tués, selon des sources militaires. Le Pakistan est en proie à une vague sans précédent d'attentats, suicide pour la plupart, où plus de 1800 personnes ont péri en plus d'un an.