L'heure est à la campagne de fenaison qui s'annonce sous de bons auspices, compte tenu de l'exceptionnelle donne pluviométrique dont a bénéficié cette année la région. Le plateau d'El Esnam dont une partie est laissée en jachère ou consacrée à la culture exclusive de la pomme de terre offre des plantations à perte de vue dont la récolte fourragère fera l'alimentation du cheptel ovin ou bovin en hiver. Il s'agit donc de faire d'importants fauchages sur ces champs plantés en avoine ou sur des prairies où d'incommensurables quantités d'herbes ont poussé et dont on fera le même usage. Les propriétaires des tracteurs ne chôment pas en cette période. Ils sont même très sollicités pour effectuer une titanesque tâche de fauchage autrefois réalisée par les paysans avec des outils rudimentaires. A Bouira qui est région agricole à vocation pastorale, on pratique une culture fourragère de subsistance. Quant à l'excédent en fourrages et en foins, il est selon son importance stocké pour nourrir le bétail lorsqu'il n'y a rien à brouter sur les pâturages limités dont dispose habituellement la wilaya. L'abondance de la verdure profite aux bovins, aux ovins et aux caprins. La donne est très favorable à la filière de lait qui alimente certaines unités de transformation laitière dans des pôles urbains et qui emploie beaucoup de collecteurs de lait qui y travaillent chaque jour. Aux quatre coins de la wilaya, en dépit des contrastes des paysages et des reliefs, les agriculteurs confirment que la saison des fourrages augure une abondante récolte.De quoi soulager les éleveurs en général et les agriculteurs qui pourraient jeter leur dévolu sur l'élevage d'ovins ou de bovins à la faveur des conditions naturelles plutôt incitatives. Enfin, le recours à la faux et la faucille pour intervenir sur certains reliefs est toujours d'actualité. Comme la cueillette des olives, la fenaison est un événement qui mobilise des moyens humains et logistiques. Le travail de fauchage offre pour les chômeurs une opportunité de trouver des emplois saisonniers. Bien sûr, l'opération nécessite une main- d'œuvre qualifiée, car la simple utilisation des instruments de travail utilisés exige un savoir-faire que seuls les agriculteurs aguerris peuvent faire preuve. On ne dira jamais assez que des règles drastiques sont à respecter quand on veut obtenir un fourrage ou un foin comestible qui garde toutes ses vertus nutritionnelles. La prévention pour ne pas voir ces stocks de fourrages partir en fumée c'est d'avoir toujours une citerne d'eau pour pouvoir s'en servir pour éteindre les premières flammes d'un incendie inattendu. Il faut également, recommandent, les services de la DSA, désherber pour avoir des plates-bandes de terre sans végétation aux abords des cultures. C'est un moyen, explique notre source agricole, pour ne pas permettre aux premières étincelles d'où qu'elles proviennent pour embraser le formidable combustible que procure aux flammes la végétation broussailleuse déjà jaunie par les dards du soleil. On redoute par ailleurs que l'apparition de la rouille jaune, qui a dévasté les céréales en 2003 dans cette région, puisse peser sur la production fourragère. L'espoir est que le prix de la botte d'avoine ou de foin puisse baisser et tranquilliser les éleveurs qui n'ont pas encore oublié la disette qui les a contraints en 2007, 2008 à brader leurs bêtes par crainte de les voir mourir de faim.