Dès l'accès aux bois par la voûte en arc, construite dans les années 1990, s'ouvrant sur les défunts parcs d'attractions et zoologiques, l'on bute sur un large pan de chaussée éventrée par un glissement de terrain survenu suite aux importantes intempéries d'avril dernier. Des pans entiers de la clôture en cornière, formant l'enceinte du parc d'attractions, ont également disparu. La Conservation des forêts, qui gère par ailleurs pas moins de 5 espaces forestiers répartis sur le territoire de la wilaya, a déjà appréhendé et traduit certains pilleurs devant la justice, « mais il y aura toujours des dépassements, quoi qu'on fasse », nous fait-on savoir. Sans compter l'environnement, qui est agressé au quotidien. Les quatre lacs, faisant de ce site l'un des plus féeriques au monde, sont pollués par les sachets en plastique, menaçant la faune aquatique, dont la carpe et les canards, comprenant colverts, siffleurs et foulques. Quant au 1er lac, ses berges abritent un cimetière de bouteilles en plastique, nature morte dont cette forêt grandiose, comprenant 43 espèces d'arbres, se passerait bien ! Quelques panneaux faisant appel au civisme des randonneurs sont implantés ici et là, mais en l'absence de prise de conscience citoyenne, ils demeurent caducs. « La forêt de Mestaoua accueille tous genres de visiteurs. Nous ne pouvons gérer tous les comportements, dont certains relèvent de la délinquance », dira le chef de service de gestion du patrimoine forestier, Brahim Djehel. Des individus indélicats jettent les décombres et autres agrégats de leurs chantiers à proximité du cimetière, sans parler des immondices qui parsèment, après chaque visite, tout l'espace forestier. « Nous n'avons pas les moyens d'assainir l'espace aussi souvent qu'on l'aurait voulu, et l'opération de salubrité incombe aussi à l'APC », relève notre interlocuteur. Des panneaux interdisant la pêche et la nage ne font que « décorer » les arbres, puisque beaucoup s'adonnent à la pêche, et de très jeunes garçons, dont les parents sont démissionnaires, nagent dans les lacs avec tous les risques de noyade, combien de fois survenue d'ailleurs ! Une carcasse en béton, érigée entre les arbres, est proposée à la vente, avec n° de téléphone, s'il vous plaît ! Une autre « propriété », aux allures de garnison, avec son grand mur d'enceinte, gris en parpaing, surplombant le 1er lac, entache tristement ces lieux paradisiaques. A ce propos, l'on nous fera savoir que pas moins de 19 affaires relatives à ces constructions, ayant obtenu l'aval dans les années 1990, sont soumises à la justice. En outre, l'on a appris que 50 jeunes arbres, des cèdres, ont été clandestinement abattus, et les services forestiers ont diligenté une enquête dans ce sens. La Conservation des forêts compte, par ailleurs, selon ses moyens, lancer très prochainement un projet d'assainissement de la forêt de Mestaoua, avec la collaboration des associations écologiques, tout en impliquant la société civile. A l'approche des grosses chaleurs, celle-ci lance un appel en direction des citoyens, et les exhorte à faire preuve de civisme et de vigilance concernant les incendies, « qui ravagent périodiquement, et de manière dramatique, notre patrimoine forestier ».