Il y a juste quelques années, la ville de Sétif pouvait légitimement se targuer de posséder l'un des plus beaux parcs d'attractions du pays. Aménagé dans les années quatre-vingt en plein centre de la cité, cet immense espace de verdure, de farniente, commercial et de divertissement, d'une quarantaine d'hectares, recevait des visiteurs de tous les coins de la wilaya et faisait la fierté des Sétifiens. D'autant que le lieu a abrité, durant la période coloniale, une hideuse bâtisse militaire où les tortionnaires français avait sévi tout leur soûl pendant la Révolution. De plus, longtemps après l'indépendance, cette vaste superficie qui regorge de vestiges romains de l'antique Sitifis était restée en l'état. Personne ne s'était soucié de cet endroit lugubre qui se transformait en coupe-gorge une fois la nuit tombée. C'était pourtant le passage obligé pour les milliers de Sétifiens qui se rendaient, à pied, aux cités de Bel-Air et de Kaâboub situées au nord de Sétif. L'unique endroit «habité» était le bâtiment cité plus haut et que les autorités avaient transformé en dispensaire spécialisé dans les soins psychiatriques. Il a fallu attendre le milieu des années quatre-vingt pour voir les autorités locales prendre enfin en charge ces 30 hectares qui ne servaient à rien, sinon de repaire à des dizaines de paumés et de marginaux qui rendaient la traversée des lieux plutôt périlleuse. C'est ainsi que l'idée de construire un parc de loisirs et d'attractions avait germé, d'autant que l'endroit était agréablement boisé (très convoité, aussi, comme de bien entendu) et, surtout, situé en plein centre d'une ville où le béton avançait inexorablement. Cette idée de réaliser un parc d'attractions et de loisirs fut concrétisée en moins de deux années, à la grande joie des familles sétifiennes et des visiteurs qui découvraient, dès la fin des travaux, un endroit agréable, convivial, agrémenté d'un magnifique lac artificiel, bordé de belles boutiques construites en structure légère, et truffé d'attractions diverses telles que le Grand-Huit, la Grande-Roue et autres manèges très prisés des enfants comme des parents. Les choses ont malheureusement changé au fil des années, car si un coin du parc reste relativement bien entretenu et continue d'être, bon an mal an, fréquenté par des familles. La partie sud-ouest située à proximité du mur Byzantin est devenu un lieu de débauche où nul n'ose s'aventurer, en particulier le soir. Le magasins qui égayaient les alentours sont quasiment abandonnés, les actes de vandalisme et les dégradations sont légion et même l'éclairage public y est défaillant. Une situation qui fait la part belle aux délinquants qui écument depuis maintenant plusieurs mois ce pan d'une infrastructure qui semble, de façon inexplicable, de plus en plus délaissée. Il est patent que si l'APC de Sétif et les autorités de la wilaya n'y prennent pas garde, ce nouveau «no man's land» risque fort de contaminer le reste du parc d'attractions et de priver la ville de Sétif d'un espace vert que lui envient de nombreuses métropoles.