Au troisième jour de sa visite en Israël et dans les territoires palestiniens, le pape Benoît XVI a visité la ville de Bethléem, en Cisjordanie occupée, dans laquelle se trouve l'Eglise de la nativité, l'endroit où est né Jésus-Christ, selon la religion chrétienne. Bethléem (Cisjordanie). De notre correspondant Le pape a été accueilli par le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et plusieurs personnalités politiques et religieuses. Pour rentrer dans Bethléem, le souverain pontife a franchi le mur de séparation raciste érigé par l'Etat hébreu sur des terres palestiniennes de Cisjordanie occupée, qu'il a divisées en bantoustans isolés, comme c'est le cas pour la ville de Bethléem et la ville sainte d'El Qods, toute proche et ce, pour la première fois dans l'histoire de la terre sainte. Dans son discours d'accueil, le président Abbas a rappelé les difficultés et les souffrances que vit le peuple palestinien depuis plus de 61 ans à cause des mesures répressives imposées par l'occupation israélienne à l'ensemble du peuple palestinien, ses musulmans ainsi que ses chrétiens. « Sur cette Terre sainte, il y a ceux qui continuent à bâtir des murs de séparation plutôt que des ponts, et qui tentent avec leurs forces d'occupation d'obliger chrétiens et musulmans à quitter le pays, afin que les Lieux Saints deviennent de simples sites touristiques, plutôt que des lieux vivants de prière », a dit le président de l'Autorité palestinienne. « On exerce contre tous les citoyens arabes, qu'ils soient chrétiens ou musulmans, toutes les formes possibles d'oppression, de tyrannie et d'expropriation de terres », a ajouté Mahmoud Abbas. « Je sais combien vous avez souffert et combien vous continuez à souffrir en raison des bouleversements qu'a connus cette terre depuis des décennies », a de son côté dit le pape. « Mon cœur se tourne vers toutes ces familles qui ont tant perdu », a-t-il ajouté, en soulignant qu'il se rendrait dans le camp de réfugiés d'aida, près de Bethléem. Dans son discours, le pape Benoit XVI a évoqué les habitants de la bande de Ghaza, victime d'une guerre sanglante et destructrice du 27 décembre au 18 janvier passés. Le mouvement Hamas, par la voix d'Ismaïl Haniyeh, avait souhaité que le pape se rende à Ghaza, ce que ne fera pas le souverain pontife. Benoit XVI a réitéré la position du Vatican quant à son soutien au droit du peuple palestinien à une patrie souveraine sur la terre de ses ancêtres, vivant dans la paix et la sécurité avec ses voisins et avec des frontières internationalement reconnues. Il a rappelé les paroles prononcées par son prédécesseur, le pape Jean Paul II, lors de la visite de ce dernier en terre sainte en l'an 2000 : « Il ne peut y avoir de paix sans justice et de justice sans pardon. » Après cette cérémonie d'accueil, le pape s'est rendu à l'Eglise de la nativité. Sur la place de la Nativité, en plein air, devant la basilique de la Nativité, le pape a célébré une messe à laquelle ont assisté toutes les personnalités présentes lors de la cérémonie d'accueil, le président Abbas en tête. Près de 30 000 citoyens palestiniens chrétiens et musulmans, ainsi que des fidèles chrétiens venus de partout dans le monde, mais aussi des familles palestiniennes portant des portraits de leurs proches, emprisonnés dans les geôles israéliennes, étaient présents sur cette place, en face de l'église la plus ancienne au monde. L'organisation sans faille de cet évènement important et l'absence de moindre incident au cours de cérémonies qui ont duré pendant des heures sont une nouvelle preuve que les Palestiniens ont voulu présenter au reste du monde qu'ils méritaient, eux aussi, de vivre dignement dans leur Etat indépendant et souhaitent que cette visite contribuera, d'une façon ou d'une autre, à réaliser ce rêve