Fête n De Bethléem à Rome, les célébrations de Noël ont été dominées ce mardi par de nombreux appels à la paix, mais aussi par une mise en garde inédite du pape contre l'exploitation imprudente des ressources terrestres. Le Patriarche latin de Jérusalem, Michel Sabbah, a lancé lors de la messe de minuit un appel à la paix au Proche-Orient dans son sermon prononcé devant les fidèles à Bethléem. «Ce pays appartient à Dieu. Il ne peut pas être pour certains un pays de vie et pour d'autres un pays d'occupation et une prison politique», a-t-il déclaré dans la basilique de la Nativité, dans cette ville de Cisjordanie où le Nouveau Testament situe la naissance de Jésus-Christ. «Tous ceux qui sont rassemblés ici par Dieu doivent avoir la vie, la sécurité et la dignité», a-t-il affirmé aux fidèles venus du monde entier. Dans la journée, des centaines de chrétiens de Gaza s'étaient pressés au poste frontière d'Erez, entre la bande de Gaza et Israël, après avoir obtenu l'autorisation de l'armée israélienne de se rendre en Cisjordanie pour les fêtes de Noël. La plupart se rendaient à Bethléem, la ville de la naissance du Christ. D'autres allaient ailleurs en Cisjordanie occupée et en particulier à Jérusalem-Est, annexée par Israël. En Irak, dans la petite église de la Vierge Marie, en plein cœur de Bagdad, une poignée de fidèles a bravé la peur pour célébrer Noël. Même si cette fête a perdu de sa magie dans une ville dévastée par les violences. Pour des raisons de sécurité, la messe de minuit n'est plus qu'un souvenir pour les chrétiens d'Irak depuis l'invasion américaine de mars 2003. Une messe est célébrée au crépuscule, à la veille de Noël, et une autre le lendemain matin.A Rome, le pape a dénoncé «l'utilisation abusive des ressources sans aucune précaution» et appelé à «donner du temps» à ceux qui ont besoin d'aide, pendant la messe de minuit au Vatican. Durant son homélie, Benoît XVI a dénoncé «les conditions dans lesquelles se trouve aujourd'hui la terre, en raison de l'utilisation abusive des ressources et de leur exploitation égoïste et sans aucune précaution». Aux très ferventes Philippines, principal pays à majorité catholique d'Asie (plus de 85% de la population), le cardinal Gaudencio Rosales a incité le gouvernement à s'attaquer à la pauvreté, tandis que la guérilla communiste et l'armée observaient une trêve pendant les fêtes. Au Cachemire indien, musulmans et chrétiens ont participé à un service œcuménique et appelé au retour de la paix dans le territoire himalayen secoué depuis près de 19 ans par une insurrection séparatiste islamiste qui a fait officiellement 42 000 morts. Au Bangladesh voisin, les chrétiens ont adressé leurs prières aux victimes du cyclone du mois dernier qui a fait au moins 3 300 morts. Noël a aussi battu son plein chez le géant chinois où la célébration des offices religieux n'est autorisée que dans les églises officielles, même si l'on estime à plusieurs millions les chrétiens qui continuent de fréquenter des églises clandestines dépendant du Vatican, que Pékin ne reconnaît pas. En Amérique latine, l'espoir de passer le réveillon de Noël en famille s'est, une nouvelle fois, envolé pour les trois otages de la guérilla colombienne des Farc, qui devraient cependant être libérés prochainement au Venezuela, et pour Ingrid Betancourt qui aura 46 ans le jour de Noël.