Ici, il ne s'agit pas de faire des griefs sur les retards, les reports de vols nocturnes ou suppression des vols auxquels la compagnie Air Algérie a habitué sa clientèle depuis des décennies. Mais il s'agit là d'une revendication légitime fortement exprimée par les voyageurs de Béchar qui exigent de la compagnie de se mettre au moins au diapason du programme tracé par les défenseurs nationalistes portant sur la récupération de la mémoire nationale, en commençant par débaptiser les billets et tickets de voyages portant encore des inscriptions coloniales Colomb Béchar (CBH). Alors, à quand la fin de cet anachronisme qui persiste depuis plusieurs décennies ?, s'interrogent des citoyens de la capitale du sud-ouest qui voyagent par voie aérienne ? Il faut savoir que la conquête de la ville de Béchar s'est faite en 1903 et a commencé à travers la pénétration de la petite localité de Taghit sous la houlette d'un officier supérieur de l'armée coloniale française, appelé Louis de Colomb, tué d'ailleurs au cours de la bataille par les résistants de la région avant la prise de l'actuel chef-lieu de wilaya. l'aérodrome de Béchar fut successivement dénommé Colomb puis Léger à partir des années 1940 avant de devenir peu avant l'indépendance aéroport Colomb Béchar (CBH). L'appellation officielle de l'infrastructure d'accueil des aéronefs, au nom du héros révolutionnaire le colonel Ali Boudghène dit Lotfi, mort les armes à la main avec ses compagnons, dont le commandant Farradj près du Djebel de Béchar, n'est intervenue que durant la fin du premier mandat du président Bouteflika. Paradoxalement, les billets de voyages, les tickets de bagages et la fiche d'identification, remis peu avant l'atterrissage des appareils, sur les aéroports du Nord en provenance de Béchar, continuent toujours à porter des inscriptions coloniales CBH. Fellah Mohamed, ex-député et élu de l'APW, a récemment interpellé au cours d'une session de l'instance élue ses pairs au sujet de cet insupportable affront fait aux résistants de la région. Le wali de Béchar, présent à la session et ignorant l'anachronisme, a promis de prendre en charge le problème. « Comment un secteur, dit de souveraineté nationale, puisse continuer à vivre avec cette aberration ? », s'est insurgé l'ex-député. Comble de paradoxe, même Le Petit Larousse (édition 2007) a débaptisé le ville de Colomb Béchar pour devenir tout simplement Béchar. Alors, qu'attendent les responsables de la compagnie aérienne nationale à réactualiser, eux aussi, les documents de voyages délivrés à leur clientèle de cette aberration d'une autre époque ?