Lors de la cérémonie d'inauguration de l'agence Air Algérie dans la ville de Montréal, jeudi dernier, le président-directeur général d'Air Algérie, M. Wahid Bouabdellah, a bien voulu répondre aux questions des représentants des médias dont le correspondant de Liberté à Montréal. Il annonce des projets que sa compagnie s'attelle à concrétiser, tels que l'acquisition prochaine d'ATR, ainsi que l'ouverture de nouvelles dessertes à l'échelle nationale et internationale. Liberté : Plus d'une année après l'ouverture de la desserte Alger-Montréal par Air Algérie, peut-on savoir quelle évaluation vous en faites ? Wahid Bouabdellah : Je tiens à souligner que notre compagnie a su relever le défi. Et pour preuve, nous avons une clientèle satisfaite qui se fidélise de plus en plus. Sachez aussi que notre compagnie n'est qu'à sa première année dans ce réseau face à des géants comme Air France et aussi, à un degré moindre, la Royal Air Maroc, qui ont acquis, au fil du temps, un grand capital expérience. Je ne crie pas victoire car il s'agit avant tout de continuité et de compétition avec des mécanismes nouveaux de marketing et de prestation de services. Dans ce sens, je dis que pour le moment, nous avons un déficit en la matière. Déficit en la matière mais, défi relevé avec fierté depuis une année. N'y aurait-il pas là quelque contradiction ? Oui, je le confirme, ça marche, car c'est avant tout une question de fierté. Un Algérien qui fait un vol Montréal-Alger avec le sigle Air Algérie est, psychologiquement, nostalgiquement compensé, mais il reste que cela n'est qu'un feu de paille. En tant que premier responsable de notre compagnie, je suis conscient et je l'ai même signifié à mes collaborateurs. Nous devons épouser les règles commerciales modernes car si nous n'évoluons pas, nos clients, même patriotes, chercheront le bon service et le bon accueil, loin des discours dits patriotiques. Mais je tiens à souligner que le service offert par Air Algérie, grâce aux efforts et engagements de notre personnel, est pour le moment à la hauteur. Dans le cadre d'une telle évolution, quels sont les objectifs majeurs que vous ciblez à l'échelle nationale et internationale, m. le président ? Pour le Canada, cela fait une année que nous sommes ici et nous avons honoré nos engagements. C'est un accord sérieux entre le Canada et l'Algérie. Comme je l'ai déjà relevé, nous avons honoré cet accord. Il reste qu'il ne suffit pas de le vouloir, mais il faut mettre les moyens. Il n'est pas aisé de changer les pensées et les mentalités. Air Algérie a toujours versé dans une forme d'excès avec sa clientèle. Nous sommes peut-être la seule compagnie qui, au niveau de l'enregistrement, dépasse les horaires impartis si des clients sont en retard. D'un côté, ça arrange les retardataires oui, mais de l'autre, ça peut causer un retard pour d'autres. Il faut effacer des pratiques. Plus de détails, si vous le permettez, quant à ce que vous envisagez de faire sur le plan pratique ? Etant conscient de l'existence des normes de conduite, de marketing et de commercialité, Air Algérie a envoyé en formation 2 880 de ses employés et cadres et cela, juste dans le but de savoir gérer le contact avec la clientèle. Nous les avons choisis à tous les niveaux névralgiques de notre compagnie en y associant du sang neuf et nous avons mis les moyens pour les former et les adapter aux exigences commerciales en cours, à savoir les réflexes commerciaux, le contact et le suivi. Spécialement sur la desserte Canada, cet été, 4 vols hebdomadaires seront assurés et d'ici décembre 2009, la compagnie ajoutera officiellement un vol hebdomadaire. La compagnie a comme objectif d'atteindre un vol quotidien en 2010. Nous ferons aussi des propositions en forme de package pour permettre à nos clients de voyager au courant de toute l'année. Par ailleurs, la compagnie, après avoir relevé une forte demande des communautés musulmanes libanaise, tunisienne et aussi algérienne, envisage d'assurer des vols Montréal-Djeddah. Chose que nous avons déjà faite avec les Mauritaniens et les Sénégalais. Air Algérie va acquérir 8 ATR, des avions de 70 et 150 places, pour désenclaver certaines régions comme El-Bayadh, Tiaret et Mechria et cela, avec l'accord du gouvernement qui va en financer 4, car c'est une initiative du président de la République, et un appel d'offres a été lancé. La question que chaque Algérien voudrait certainement vous poser est : pourquoi la compagnie fait presque tout le temps du retard ? Comme je l'ai relevé, il y a des pratiques qu'il faut changer, mais aussi, des aléas d'ordre technique. Quand un avion fait un retard pour une desserte donnée, cela se répercute sur les autres qu'il doit effectuer. Un dernier mot Monsieur le P-DG ? Nous avons du pain sur la planche, mais il suffit de s'y mettre car tout le personnel, les responsables, ainsi que nos collaborateurs ont pris conscience qu'il faut y mettre juste du sérieux et de la rigueur, et la compagnie a les moyens pour y arriver. M. B.