A ces heures et la faveur des mouvements de la brise qui commence à se faire sentir souvent dans la ville des Roses ou partout ailleurs, les caféterias, les salons de thé… grouillent de monde de profils divers : chômeurs, ouvriers, fonctionnaires, étudiants s'adonnant à tout type de discussion où, entre autres et jusqu'au coucher du soleil, ils auront fait et défait le monde. Les placettes publiques par contre servent de refuge surtout pour les non branchés caféine, théine, nicotine… Cependant, les jeunes et les moins jeunes, excités par une overdose d'énergie en quête d'exotisme, sont soit branchés cyber, soit, et ceci semble être la mode de l'été 2008 made in Blida, paradant les rues, les ruelles et les boulevards accompagnés d'un gros chien toutes races importées et en particulier certaines espèces dangereuses et connues pour leur agressivité, parfois même fatale : la «dobermania» est on ne peut plus illustrant à ce propos. L'émerveillement et la crainte dissimulée des Blidéens, au risque de passer pour un homo-Algérianus «arriérus» à l'esprit suranné, se lit clairement sur le visage des citoyens frôlant les proximités de ces quadrupèdes aux pas alertes, prêts à sauter d'instinct pour une incompréhension ou pour une autre. On a même vu des adolescents au corps frêle traînant difficilement, à la corde, des chiens sur lesquels ils ne semblent détenir aucune emprise réelle, tant les forces physiques sont disproportionnées. L'été, ou la saison de toutes les parades dangereuses : noyade à cause d'un amour propre à qui s'éloignera aussi loin d'un rivage ou sautera du rocher le plus escarpé… Loin de la mer et, cependant, il faut que ça fasse «tape à l'œil». Effet boule de neige, ces scènes en vogue commencent à prendre de la proportion. Elles ne concernent pas exclusivement, comme on a souvent tendance à le croire, les centres villes et les quartiers huppés. Il faut croire que c'est la même chose du côté des quartiers populaires. Les jeunes, les plus jeunes et même les moins jeunes habitants les bourgades ponctuant les piémonts de la ville des Roses, d'Ouled Yaïche… ont aussi, à quelques variantes près, leur penchant canin. Cependant, une option en plus relevant peut-être de la sociologie des «atomes crochus» et des histoires d'affinité que les apprentis sorciers, parapsychologues des temps à venir auront à mettre en exergue : il n'est pas rare en effet de voir parfois certains individus accompagnés là où ils déambulent d'une meute de chiens. Gare à celui qui énerve le monsieur «chef de meute», car à la moindre allusion, ces créatures n'hésiteront pas à se mettre à «l'œuvre». Interrogés, les citoyens de Blida ne cachent pas leur inquiétude quant aux éventuels dangers de ces parades. «Si erreur il y a, elle est irréparable. Ça c'est clairs», dira un père de famille sorti probablement pour prendre un bol d'air frais en compagnie de ses enfants, ajoutant par-là même : «On a même vu certains jeunes, manquant de conscience apparemment, s'adonner à quelques jeux dangereux, comme provoquer la hargne de ces bêtes en amusant ou encore simulant des ordres d'attaque pour faire peur à un ami ou draguer une jeune fille». Par ailleurs, les gens s'interrogent aussi sur ce qu'ils considèrent comme un laisser-aller de la part des autorités publiques, car disent-ils : «Ce phénomène, si on peut l'appeler ainsi, n'est qu'une énième difformité parmi tant d'autres tares constatées, hélas, dans un environnement qui semble de moins en moins s'apprêter à un vécu sociétal inscrit dans un cadre où les normes de la citoyenneté sont respectées».