Malgré le magnifique site gazonné du centre équestre et une participation des plus conséquentes de la part des opérateurs, le premier Salon de la pomme de terre qui s'est déroulé le week-end dernier à Mostaganem n'aura tenu qu'une partie de ses promesses. Inauguré par le ministre des Affaires religieuses, il sera clôturé par Sid Ahmed Ferroukhi, le SG du ministère de l'Agriculture. Ce dernier fera une brève allocution qui laissera sur leur faim les rares producteurs présents sous le chapiteau où l'on aura remarqué la présence du spécialiste algérien de la pomme de terre, l'incontournable Lahcène Amirouche qui, après de laborieuses études à Tirana et à Aberdeen, fera profiter de son expertise la recherche agronomique de l'Algérie balbutiante des années 1970. Ayant hérité de la première manifestation du genre organisée au même endroit et à la même période par des opérateurs privés en collaboration avec la DSA et la Chambre de l'agriculture, les organisateurs auront privilégié pour cette fois-ci le côté purement commercial. Si bien que durant les deux journées qu'elle aura eu de la peine à combler, la manifestation n'aura pas drainé les foules de sa devancière. Par contre, sur le plan de l'organisation, la touche tout en douceur des cavaliers et des responsables du centre équestre aura été fortement appréciée par les nombreuses délégations venues de toutes parts. On aura surtout remarqué les stands des opérateurs nationaux qui, à divers degrés, auront apporté une touche porteuse d'espoir de lendemains moins stressants. La présence, à titre d'exemple, du laboratoire de production de vitro-plants de Sétif, conçu sous l'impulsion de feu Kasdi Merbah, alors ministre de l'Agriculture, malgré un stand des plus austère, ne pouvait ne pas attirer l'attention des spécialistes. Car, pour les initiés, les produits exposés démontrent une réelle maîtrise dans ce domaine que d'autres opérateurs privés auront également investi. Il en est ainsi de Cevital Agro, avec ses plants maraîchers greffés, ses microtubercules de pomme de terre et une pléiade d'ingénieurs recrutés aux meilleures sources, n'aura pas laissé indifférents les connaisseurs de la sphère des solanacées. Le Syrpalac, une urgence absolue On aura également noté avec intérêt la présence de la Chambre d'agriculture d'El Oued, avec tout son encadrement et plus de 25 fellahs, venus par autocar spécial, exposer leur produit, mais également leur passion naissante et non moins prometteuse pour la pomme de terre. Cette expérience qui n'aura pas laissé insensibles de nombreux obtenteurs européens et d'autres commerciaux, n'aura pas échappé à la perspicacité des établissements Guedmani d'El Harrouch. En effet, ce producteur de semences de pomme de terre, tout auréolé de sa médaille d'or obtenue lors de l'année de la pomme de terre organisée en 2008 par la FAO, n'aura pour rien au monde raté ce salon et surtout son heureux voisinage avec les représentants d'El Oued avec lesquels les liens commerciaux les plus féconds sont en train de se tisser dans la sérénité. Car, il n'aura échappé à personne que la région d'El Oued qui s'invite avec fracas dans la filière aura attiré de nombreux prédateurs en puissance. C'est incontestablement la fourniture de semences contaminées par certaines maladies, dont le redoutable rhizoctone, qui risquent de mettre un terme définitif à cette expérience dont les performances n'auront pas échappé aux responsables du ministère de l'Agriculture. Ce que ne manquera pas de souligner S. A. Ferroukhi, son SG dans son allocution fort attendue par les fellahs d'El Oued. Toutefois, malgré une convivialité certaine, la manifestation n'aura pas drainé le grand public. Car, dans la région, une fête n'est complète que si elle s'accompagne de la traditionnelle fantasia, ce que les amateurs de l'année dernière n'avaient pas négligé. Surtout lorsque la manifestation se déroule dans le somptueux centre équestre. Contrairement à leurs devanciers, les concepteurs de cette version se seront contentés de tenir un salon, négligeant la fête qui va nécessairement avec. Ils ont une année pour rectifier le tir. A leur décharge, notons que le marché de la pomme de terre est à son plus bas niveau depuis août 2008. Partout, les méventes sont signalées avec insistance sur l'ensemble des marchés et ce ne sont pas les quelques mots prononcés par Sid Ahmed Ferroukhi, à la clôture de ce salon, qui ramèneront la sérénité. Pour les fellahs, il y a bien urgence absolue à déclencher le système de régulation, autrement, une grande partie de la profession va en souffrir.