Au premier semestre, Acer a vu ses ventes d'ordinateurs progresser de 47%, un bond qui s'explique en partie par l'intégration des sociétés acquises l'an dernier, Packard Bell et Gateway, mais aussi par une croissance supérieure au marché. Une tendance qui devrait se poursuivre, selon son PDG, Gianfranco Lanci, qui s'exprimait vendredi lors d'une conférence de presse mondiale à Budapest. Le marché des micro-ordinateurs va «continuer à afficher une croissance à deux chiffres sur les trois prochaines années», a-t-il affirmé, à contre-courant des prévisions alarmistes de son rival Dell. A ce jour, «nous voyons une forte demande et n'observons pas d'impact significatif de la crise financière actuelle», a-t-il ajouté. «Les Etats-Unis pourraient être touchés», a-t-il reconnu, «mais la croissance en Europe et l'Asie demeure très solide». Fort de cette confiance, Acer vise pour 2011 un chiffre d'affaires de 30 milliards de dollars, contre près de 20 milliards attendus cette année. Soit une croissance annuelle de 15% d'ici là, et même de 35% sur les seuls PC portables qui représentent la majorité (62%) des ventes du groupe, a précisé M. Lanci, écartant l'idée d'autres acquisitions pour atteindre ses objectifs. Le but est de s'imposer d'ici trois ans sur ce segment des «notebooks». Sur l'ensemble du marché des PC, cela «nous positionnerait vraisemblablement en deuxième position (devant Dell, ndlr), l'essentiel de la croissance provenant des portables», a précisé le dirigeant. Si Acer est bien placé dans la région Europe, Moyen-Orient et Afrique, la tâche risque d'être plus difficile dans d'autres zones face aux Américains Hewlett Packard (HP) et Dell, qui occupent actuellement les deux premières places du classement mondial. Avec près de 10% de parts de marché, la société de Taipeh est «bien 5% derrière Dell, elle a encore du chemin à faire pour le rattraper, en particulier sur le marché américain», observe Ranjit Atwal, analyste chez Gartner. En revanche, si le texan «ne parvient pas à surmonter ses difficultés», Acer pourrait gagner son pari, selon lui, d'autant plus qu'il est bien implanté dans les pays émergents, au fort potentiel de croissance. Ancien sous-traitant de grands groupes comme IBM ou Dell, le groupe asiatique, qui compte 6000 employés, a décidé d'adopter «une stratégie multi-marques» afin de «cibler différents profils de consommateurs» dans un marché «de plus en plus segmenté», a expliqué le PDG d'Acer. Concrètement, la marque Acer serait plutôt destinée aux technophiles, tandis que Packard Bell (en Europe) et Gateway (aux Etats-Unis) s'adresseraient aux consommateurs plus sensibles à la mode et au design. Pour se différencier, le groupe veut aussi mettre l'accent sur l'internet mobile à travers les mini PC à bas prix. Il a lancé son modèle, l'Aspire One, en juin, avec pour objectif d'en vendre «6 millions d'ici fin 2008», a précisé Walter Deppeler, vice-président d'Acer. Dans la même optique, Acer, qui vient de racheter E-Ten, un fabricant taïwanais de téléphones intelligents, a l'intention de s'attaquer l'an prochain au marché en plein essor des téléphones multimédia. Avec déjà l'ambition de rivaliser avec l'iPhone d'Apple ou le BlackBerry du canadien RIM.