Pour vous, personnellement victime du terrorisme et représentante de beaucoup d'autres victimes, c'est quoi exactement la réconciliation nationale ? La réconciliation nationale constitue le fondement du programme du président de la République, à qui le conseil national de l'ONVT a apporté son soutien le 8 avril 2004. Aujourd'hui, on continue dans le même sens ou le même chemin. Pour nous, la réconciliation nationale mène à la stabilité politique, seule garante de la paix et du développement du pays. Elle doit toucher tous les plans - politique, social et économique. Rien ne se fait sans la stabilité politique. La réconciliation nationale veut dire qu'on tourne la page pour aller de l'avant. Oui, on tourne la page, mais on n'oublie pas. En tant que victimes du terrorisme, nous pensons aussi à nos enfants et à leur avenir. Attention, la réconciliation nationale n'est pas l'amnistie générale, et nous ne pouvons parler d'amnistie générale avant le président de la République. La réconciliation nationale doit prendre en charge tous les problèmes qu'a vécus l'Algérie ces dix dernières années, car il ne faut pas se leurrer, ces problèmes sont dus essentiellement au terrorisme. Aujourd'hui, on veut aller de l'avant, on ne doit pas patiner. Tous les Algériens aspirent à la paix, et il faudrait qu'ils fassent des efforts dans ce sens. Nous avons payé un prix très cher pour que l'Algérie reste debout, et nous ne voulons pas non plus être un obstacle pour la paix. Mais avant cela, il faudrait que les victimes du terrorisme obtiennent leurs droits, notamment un statut particulier, autrement dit la sauvegarde de la mémoire des victimes qui ont payé de leur vie. Par exemple, un grand nombre de femmes ont été violées, mais beaucoup d'entre elles ne l'ont pas dit, n'ont pas porté plainte et taisent ce fait pour des raisons qu'on connaît. La réconciliation nationale constitue justement une opportunité pour traiter ce volet. Dernièrement, il y a eu du grabuge au sein de votre organisation. Certains membres vous accusent de dépassements et de détournement de l'argent de l'organisation. Qu'en dites-vous ? Des accusations gratuites, puisque le bilan financier passe normalement devant le commissaire aux comptes. Si l'on trouve des anomalies, elles doivent être portées devant le conseil national, seul à même de prendre des décisions. Par exemple, me suspendre de mon poste de secrétaire. Ceux qui font cela sont en train de porter préjudice à l'ONVT et ils auront sur la conscience la situation des orphelins. Je préfère ne pas entrer dans une vaine polémique, et je laisse le soin au conseil national d'exercer ses prérogatives, lequel conseil va se réunir bientôt en vue de l'installation de la commission de préparation du congrès.