Les familles victimes du terrorisme semblent accepter le fait accompli. Elles ne rejettent pas la réconciliation nationale, mais elles revendiquent en contrepartie leurs droits à un emploi, à un logement, au respect... En somme à la vie, surtout après avoir perdu leurs enfants fauchés par l'hydre islamiste. « Je suis pour la moussalaha (réconciliation), mais je demande des postes de travail pour mes deux fils. Le président de la République a parlé des droits des victimes, nous demandons à ce que nos droits soient satisfaits », a lancé une mère, dont le fils a été assassiné par les terroristes, à l'adresse de Mme Fatma Zohra Flissi, présidente de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme (ONVT). En effet, les victimes du terrorisme - dont la majorité sont des femmes âgées - sont venues rappeler aux autorités des Eucalyptus (Alger), à la présidente de l'ONVT et à tous ceux qui mènent, tambour battant, la campagne pour la charte pour la paix et la réconciliation, leur refus d'oublier et la nécessité du recouvrement de leurs droits. C'était lors d'un meeting organisé, hier, par l'ONVT aux Eucalyptus, auquel ont pris part les autorités locales. Devant des victimes, dont le cœur semble toujours meurtri, l'animateur tente en vain d'animer la salle et faire de la rencontre « une fête » pour la réconciliation. « C'est une chance pour sauver l'Algérie. Des youyous, des youyous pour accomplir notre devoir », a-t-il lancé à l'adresse de l'assistance qui répondait, parfois, lorsqu'une déclaration lui plaisait. Cependant, les vieilles femmes préféraient s'adresser à la presse pour faire passer leurs messages. « Je suis venue d'El Harrach. Mon fils a été assassiné. Mes deux autres enfants sont aujourd'hui sans travail », a déclaré une vieille mère. Une jeune fille, dont le père était policier et a été assassiné par les terroristes, est également à la recherche de travail. Elle veut être agent de police. « J'ai un diplôme supérieur et quand j'ai voulu m'engager dans la police, on a refusé ma demande. C'est mon droit, je suis une victime du terrorisme », a-t-elle confié. « Ne nous demandez pas de pardonner aux terroristes » Toute en affirmant son soutien à la charte proposée à référendum, Mme Flissi a affirmé qu'elle ne peut pas tendre la main aux terroristes. « Les familles des victimes du terrorisme sont pour le réconciliation, mais ne nous demandez pas de pardonner aux bourreaux », a-t-elle souligné. Pour elle, l'important, aujourd'hui, est de sauver l'avenir de la génération de 1990 qui a perdu 15 ans de sa vie à cause de la tragédie nationale. Pour sa part, Mohammed Guerbouzi, membre de l'ONVT, a réclamé aux autorités des Eucalyptus la prise en charge effective des familles qui ont lourdement souffert du terrorisme. Présent à cette rencontre, le représentant du groupe Saïdal a affirmé l'engagement de l'entreprise à offrir un certain nombre d'emplois aux victimes. Par ailleurs, l'ONVT prépare le meeting que devra animer le président de la République, le 26 septembre à la Coupole du stade olympique du 5 Juillet, à Alger.