Les dirigeants des grandes puissances impérialistes affirment qu'Israël est «la seule démocratie du Moyen-Orient». Si l'on précise qu'il s'agit d'une démocratie pour les seuls citoyens juifs et non pour les «Arabes israéliens», ils ont incontestablement raison. Mais c'est justement parce qu'il s'agit d'une démocratie que tout gouvernement, à la veille de chaque scrutin, a obligation de massacrer le maximum de Palestiniens. Il le fait par pur et froid calcul électoral, dans le but d'éviter que l'opposition ne le renverse. Le sang des Palestiniens constitue bel et bien le carburant de «la seule démocratie du Moyen-Orient». Ecraser toute résistance au système régional de domination impérialiste Outre ses visées électoralistes, une deuxième raison explique l'actuelle agression. Israël entend affaiblir, à défaut de pouvoir l'écraser entièrement, l'une des forces qui résistent au système de domination impérialiste sur la région. La colonisation de l'Afghanistan, la recolonisation de l'Irak, l'occupation par le sous-traitant éthiopien de la Somalie, l'agression du Liban par le sous-traitant israélien, les menaces contre la Syrie et le Soudan participent du même projet de Grand Moyen-Orient élaboré par les idéologues néoconservateurs et autres stratèges américains en vue de perpétuer leur domination sur la région, domination qui profite à leurs multinationales en général et à celles du secteur des hydrocarbures en particulier. N'étant pas en mesure, pour l'instant, d'attaquer l'Iran ni même la résistance nationale libanaise dirigée par le Hezbollah, Israël s'en prend au «maillon faible» de cette résistance à l'ordre impérialiste dans la région, celle du peuple palestinien enfermé à Ghaza. C'est cet objectif qui explique : – le soutien inconditionnel des grandes puissances impérialistes (USA et UE) à cette nouvelle agression. L'assourdissant silence de Barack Obama aura constitué l'occasion, du moins faut-il l'espérer, de «déciller» les yeux de ceux qui pensent qu'un président américain, parce qu'il est noir, jeune, beau, beau parleur et, de surcroît, élu proprement par le peuple veut ou peut mener une autre politique que celle que lui dicte le complexe militaro-industriel US. – le soutien des régimes arabes en général à cette offensive criminelle. Le régime de Moubarak, en particulier, soutient toute tentative d'écrasement d'un mouvement qui s'oppose à lui sur la scène régionale, mais aussi interne, le Hamas représentant la branche palestinienne du courant des Frères musulmans qu'il combat en Egypte. – la critique du Hamas par l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas au moment où il s'agit de faire front avec ce mouvement pour faire échec à cette agression armée qui vise tout le peuple palestinien et pas le courant islamiste en tant que tel. On comprend, dans ces conditions, que les régimes arabes qui refusent toute confrontation avec Israël et les grandes puissances même dans les seuls domaines politique et économique, réagissent avec violence aux justes critiques de ceux qui dénoncent le refus de l'Egypte de constituer la base arrière du peuple palestinien de Ghaza ou bien le refus de la majorité d'entre eux de laisser leur peuple exprimer librement leur révolte et leur soutien au peuple palestinien. Le critère de solidarité avec les Palestiniens On ne peut, comme le font un certain nombre de gouvernements arabes, affirmer sa solidarité avec «le peuple palestinien frère et martyr» et, dans le même temps, entretenir des relations diplomatiques ou commerciales avec Israël. On ne peut se dire solidaire de «nos frères palestiniens» et continuer à siéger à l'Union pour la Méditerranée (UPM) avec le gouvernement de Tel-Aviv et à poursuivre sa collaboration avec l'OTAN qui colonise l'Afghanistan. Ces régimes doivent choisir leur camp. Ce dont le peuple palestinien assiégé a le plus pressant besoin, au-delà de l'aide humanitaire, c'est d'un soutien politique clair et manifeste, car il n'est pas victime d'une catastrophe naturelle. La solidarité réelle est un combat commun et non un simple discours moral, pleurnichard et hypocrite. L'ennemi du peuple palestinien, comme de tous les peuples de la région, est Israël, est l'impérialisme. Aussi, être solidaire de ce peuple palestinien revient à combattre, ne serait-ce que politiquement et économiquement, Israël et l'impérialisme. On ne peut pleurer avec le berger tout en dévorant les brebis que lui vole le loup. Peut-on être solidaire du peuple palestinien et siéger avec Olmert et Tzipi Livni à l'UPM ? Peut-on être solidaire du peuple palestinien et être partenaire de l'OTAN ? Peut-on être solidaire du peuple palestinien et mener une politique qui renforce ses ennemis à travers une politique de bradage de complexes stratégiques (El Hadjar, Asmidal, ports…) ou des hydrocarbures à travers la loi Khelil, heureusement amendée grâce à Hugo Chavez ? Le MSP, comme le FLN, doit également choisir, lui qui participe à un gouvernement qui siège ouvertement et officiellement, dans le cadre de l'UPM, aux côtés du gouvernement d'Israël qui tente d'anéantir le Hamas et de l'OTAN, allié inconditionnel de l'Etat sioniste qui occupe l'Afghanistan. L'échec prévisible d'Israël En dépit de son écrasante supériorité militaire et quel que soit le nombre de victimes provoqué par ses bombardements, Israël va au devant d'un nouvel échec politique. Son agression n'empêchera pas la poursuite de la résistance armée palestinienne. Elle ne détruira pas davantage le Hamas et encore moins la résistance dans toutes ses composantes (FPLP, FDLP, Djihad islamique, partie du Fatah…), mais les renforcera, au contraire, en commençant par le Hamas qui va se voir projeté à la tête du mouvement national palestinien. Cette agression affaiblit, en revanche, l'Autorité palestinienne en la faisant de plus en plus apparaître comme un otage du gouvernement sioniste. Elle altère encore un peu plus l'image de l'Etat d'Israël aux yeux de l'opinion publique internationale. Elle apporte, à l'inverse, un supplément de solidarité à la cause palestinienne en contribuant à dynamiser un peu plus le mouvement de solidarité en Europe, en Amérique du Nord et dans le reste du monde. Cet échec prévisible aiguise, au niveau des peuples du Grand Moyen-Orient, l'esprit de résistance et contribue à renforcer toutes les organisations qui combattent l'Etat sioniste et l'impérialisme. La cote des Etats-Unis et celle de l'Union européenne continuent à baisser auprès des peuples. Les grands perdants sont les régimes arabes qui s'imposent à leurs peuples par la répression et qui ont perdu toute crédibilité. L'apparition d'oppositions conséquentes à même de lier en un «seul» toute lutte anti-impérialiste, lutte démocratique et lutte sociale, n'est dès lors qu'une question de temps. De même que leur victoire sur ces régimes antinationaux, antidémocratiques et antisociaux. Par ses manifestations, rassemblements et réunions, le peuple algérien est en train de se réapproprier l'action de solidarité avec les peuples opprimés ; action confisquée et dévoyée depuis de trop nombreuses années par le pouvoir. Il renoue progressivement, à travers la constitution de cadres autonomes multiples, avec ses riches et anciennes traditions de solidarité anti-impérialiste. Par-delà ses différences, il doit pouvoir converger pour exiger des autorités qu'elles rompent avec leur politique de compromission avec Israël et ses parrains en quittant l'UPM avec le maximum d'Etats arabes et en rompant la collaboration avec l'OTAN dont les troupes occupent l'Afghanistan. C'est le minimum que l'on doit exiger. – L'auteur est : Journaliste, auteur d'un essai intitulé Le Grand Moyen-Orient, Guerres ou paix ? Plaidoyer pour une nouvelle révolution arabe, publié en 2008 aux éditions Lazhari Labter, Alger