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Lobby sioniste ou atavisme colonial ?
Guerre médiatique contre la résistance palestinienne
Publié dans La Tribune le 15 - 01 - 2009

L'étonnement ne cesse pas. Comment les médias lourds occidentaux peuvent-ils présenter la guerre d'extermination livrée à Ghaza avec cette partialité ? Comment peuvent-ils ignorer le caractère de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité commis par Israël ? Comment peuvent-ils rivaliser dans les expressions, les termes, les images qui présentent Israël en légitime défense de cette façon ? Inutile de vous en donner des exemples, vous les connaissez, vous connaissez toutes les astuces. Mais il est utile de rappeler que cet été, cet été seulement, ces mêmes médias occidentaux avaient surmédiatisé la question du Tibet. Ils ont pris parti, avec le même art de la désinformation et du raccourci, contre la Chine. Et au-delà de leur travail d'information, qu'ils n'ont pas fait, ils se sont mobilisés contre la Chine et pour les autonomistes tibétains. La mort de centaines d'enfants, de femmes et de civils désarmés ne vaut pas quelques victimes tibétaines. Le peuple palestinien en quête d'un état depuis soixante ans ne vaut pas les Kosovars pour qui la question a été réglée en quelques semaines sur un territoire reconnu légalement appartenant à la Serbie.
Cette partialité des médias lourds appartenant aux grands groupes financiers ou aux Etats pose problème. Le plus souvent, on l'explique par la puissance du lobby sioniste qui les contrôle. Les exemples sont nombreux de cette influence du lobby sioniste. Le dernier exemple en est l'écrivain et journaliste de la radio, Labevière, licencié pour avoir réalisé une interview de Bachar El Assad. En réalité, pour avoir constamment maintenu une distance critique avec les thèses sionistes. Cent autres exemples peuvent être cités de ces artistes, journalistes, intellectuels exclus de la couverture de ces médias pour avoir osé un jour ou l'autre ne pas verser dans le soutien sans réserve à l'Etat d'Israël. Pourtant, ces médias, malgré la manipulation des mots, des images, des émotions, n'arrivent pas à conditionner l'opinion publique à cent pour cent. Différentes raisons expliquent le maintien de courants favorables au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et d'un Etat national.
Ces médias sont complices des frimes israéliennes. Ils sont des soldats sur un front particulier de toute guerre moderne : l'information et la communication. Ils ne sont en guerre juste pour cette expédition punitive sur Ghaza. Ils sont tout le temps en guerre contre le peuple palestinien et sa résistance à la colonisation.
Jamais guerre médiatique n'a été aussi continue, aussi constante que contre le peuple palestinien. Les parrains d'Israël, américains et européens, ont bien retenu la leçon de la guerre du Vietnam. Une guerre se gagne ou se perd aussi par les images et par l'info.
Les peuples ne sont pas en cause dans cette affaire. Bien au contraire. Au vu du battage médiatique, il est même étonnant que des millions d'Européens et d'Américains n'aient pas tout à fait perdu la boussole. Les médias ne sont pas les seuls à former l'opinion publique.
Les traditions politiques, les héritages idéologiques, la force des idéaux de justice et de solidarité, les partis, les associations y contribuent largement.
Les médias contrarient sérieusement leur influence. Dans bien des cas, ils renversent même, pour un moment, les tendances lourdes des opinions publiques. Ce fut le cas pour l'agression contre l'Irak, pour le renversement de Ceausescu en Roumanie. Des images fabriquées ont permis de porter à son comble l'émotion du public, comme ces histoires de clinique enfantine au Koweït ou celle d'un charnier à Timisoara en Roumanie.
Longtemps, les citoyens libres, les militants, les justes ont qualifié cette attitude des médias, calquée sur l'attitude des gouvernements occidentaux, de duplicité. Plusieurs formules ont tenté de caractériser cette attitude : «Deux poids, deux mesures», «Droits de l'Homme à géométrie variable». Mais l'explication la plus communément avancée est celle de la puissance du lobby sioniste. La plupart des gens entendent cette formule comme désignant un lobby juif. Mais la plupart des gens ignorent que la grande masse des sionistes est évangéliste, revivaliste, etc., c'est-à-dire chrétienne.
Le sionisme est plus le fait de chrétiens fondamentalistes ou intégristes que des juifs. Balfour, en signant la déclaration, entendait aussi –et peut-être surtout– appliquer à la lettre les promesses bibliques selon ses propres termes.
Cette puissance du lobby sioniste compris comme lobby juif est attribué soit à la puissance financière des milieux juifs sionistes soit à une «intelligence juive» qui serait supérieure à celle des autres. A celle des Arabes à tout le moins. Cette explication raciste n'explique rien comme toute représentation raciste. Il faut donc rappeler cette règle simple, simplissime même : un lobbying s'exerce toujours auprès de ses amis, pas auprès de ses ennemis. L'écoute amicale du lobby est l'écoute amicale des ses propres positions et des intérêts des sénateurs et congressistes américains ou européens. Elle a l'avantage de justifier ses projets par la demande d'une «opinion publique» via des associations qu'ils ont financées et soutenues. L'explication par l'argent ne tient pas la route non plus. Avec tous leurs pétrodollars, les Arabes n'arrivent pas à influer sur les gouvernements ou sur les Parlements occidentaux.
Ces derniers leur ont pourtant donné la parole chaque fois que les régimes arabes ont souscrit aux projets occidentaux, tels que les fumeux dialogues interculturels ou interreligieux. Dialogues dont le principe de base est la réaffirmation que les musulmans peuvent vivre sous la coupe de l'impérialisme sans rien perdre de leur foi et de leur culture. Que la domination impérialiste ne les vise pas en tant que religion. C'est ce que dit Livni en ce moment : elle n'a rien contre les Palestiniens ni contre les musulmans. Elle tape juste sur les extrémistes alliés de l'Iran.
Cette explication raciste a l'immense avantage de cacher les vraies raisons du succès du lobbying sioniste : les intérêts stratégiques du complexe militaro-industriel et des puissances impériales. Israël devait servir leurs buts. Soumettre le Moyen-Orient, empêcher d'éventuels succès du mouvement d'émancipation mené par les nationalismes arabes, mener des actions de subversion et les guerres que les puissances impériales ne voulaient plus mener. Toute guerre directe occidentale contre l'Egypte de Nasser, la Syrie, le Liban dévoilerait immédiatement son caractère colonial ou néocolonial. Israël était et est l'instrument rêvé pour mener ces guerres. Qui donc a vu, compris ou appréhendé l'attaque contre le réacteur Osirac irakien comme un montage occidental ? Quelle meilleure couverture pour une attaque contre l'Iran que les intérêts israéliens, que la sécurité d'Israël ?
Les patrons du complexe militaro-industriel, les patrons des compagnies pétrolières, ceux qui gouvernent en leur nom avaient intérêt à créer Israël. Ils ont intérêt à lui maintenir un statut agressif et criminel pour contrer tout nouvel éveil de la conscience nationale arabe. Israël est leur création, leur colonie. Les histoires religieuses à dormir debout sont là pour donner à des millions de juifs les justifications et les motivations d'aller vers cette colonie, d'exproprier les Palestiniens et de les exterminer. Le sionisme est aussi et surtout l'idéologie des grandes multinationales et du complexe militaro-industriel. Hier encore, G. Brown, qui a le mérite de la clarté, a
demandé aux régimes amis d'assumer leurs accords secrets avec Israël. Il les a pressés de réclamer publiquement et ouvertement le désarmement de Hamas. C'était bien un des buts de cet holocauste. C'était bien un point d'accord de l'axe Riyad- Le Caire-Tel-Aviv avec toute probabilité d'un accord turc et jordanien qui fut vite retiré devant la boucherie. G. Brown leur demande tout simplement
d'assumer leur rôle de traîtres jusqu'au bout. Pourtant, le même G. Brown a fait une tournée au Moyen-Orient pour exiger l'argent du pétrole contre les effets de la crise. Alors ? Les régimes arabes ne peuvent même pas demander quelque chose en contrepartie de leur argent ? Mais si ! Ils demandent la protection euro-américaine contre le danger iranien. Danger qui menace quoi ? Leur argent ! Les intérêts des oligarchies du Moyen-Orient sont maintenant intimement liés aux intérêts d'Israël et complètement antagoniques avec les aspirations des peuples de la région. Ni le régime saoudien ni celui égyptien ne sont bêtes. Ils ont comme tous les régimes l'intelligence de leurs intérêts. Et ils peuvent organiser des lobbys hyper efficaces contre l'Iran. Ils seront reçus partout, dans les Parlements, dans les chancelleries, dans les télés.
Partout. Et l'Occident pourra alors dire que les coups portés à l'Iran répondent à une demande de l'opinion publique, etc.
Quelle naïveté politique et mentale de croire qu'il suffirait de faire du contre-lobbying. Même en mettant toutes les fortunes
du monde, ce serait un échec.
Le secret de la réussite du lobbying sioniste est qu'il travaille les intérêts des puissances financières de ce monde et des puissances
politiques qui représentent ces puissances financières. Proposer le contre-lobbying revient à découpler l'existence d'Israël des intérêts impérialistes. C'est faire croire que les gouvernements américain, canadien, européens sont innocents des crimes d'Israël. Qu'ils sont neutres alors qu'ils sont les commanditaires. C'est tromper les opinions arabes en leur faisant croire à des arbitrages possibles, à un possible secours occidental.
Mais comment des centaines de milliers de journalistes peuvent-ils se mobiliser autour de ces mensonges ? Si l'explication par le lobby juif ne tient pas la route politiquement, elle ne tient pas la route idéologiquement. A moins de les prendre pour des idiots définitifs, les journalistes occidentaux voient bien le caractère criminel de l'Etat d'Israël. Ils voient bien les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité, les morts d'enfants, les blocus, la faim imposée à tout un peuple, les punitions collectives. Ils les voient bien puisque c'est l'Europe qui les a inventés et perfectionnés dans ses conquêtes coloniales, dans le génocide des Indiens d'Amérique, dans l'esclavage des Noirs, dans ses guerres coloniales, etc. mais cela fait des siècles de crimes que les Occidentaux ont sur la conscience. Mais, pendant des siècles, ils ont démontré que toute colonisation s'accompagne d'extermination, parfois réussie, parfois ratée. C'est le prix à payer par nos peuples pour que triomphe leur domination qu'ils habillent de vertus de la civilisation ou de celles de la démocratie. Mais ils sont profondément racistes. C'est leur culture, et pas seulement l'influence du lobby sioniste, qui, d'ailleurs, est leur propre création. Si une loi du 23 février vient chanter les effets positifs de la colonisation, c'est que les guerres coloniales ne sont pas achevées dans leurs têtes.
Et reconnaître que la colonisation israélienne s'accompagne forcément d'extermination, c'est reconnaître le caractère criminel de leurs propres colonies. Une loi du 23 février deviendrait impensable. En défendant le droit d'Israël à se défendre, ils reproduisent leur propre droit à se défendre contre le Vietminh, contre l'ALN, contre l'ANC, contre le castrisme, etc. Ils se défendent eux-mêmes, ils défendent leur propre passé colonial. Ils défendent aussi leur présent puisque leur suprématie passe par la domination des ressources des Arabes. Non, il ne s'agit ni de «deux poids, deux mesures», ni de «droits à géométrie variable», ni d'influence magique mais de détermination à dominer, à continuer à dominer.
En exterminant. C'est la seule logique. A nous aussi de le comprendre et de nous tirer de leurs pièges «idéologiques». C'est un pas nécessaire.
M. B.


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