Des centaines de morts, en majorité des femmes et des enfants en bas âge, plus d'un millier de blessés, plusieurs centaines de maisons détruites et des voies de communication démolies ou mises hors d'usage, tel est le bilan provisoire de trois jours de bombardements intensifs contre la population de Ghaza. Dans leur déchaînement de haine barbare, les Israéliens ont prouvé pour la énième fois qu'ils n'hésitaient pas à renouer, en les aggravant, avec les méthodes de leurs bourreaux nazis. Ils les appliquent sans état d'âme aux Palestiniens comme s'ils voulaient venger les crimes dont ils avaient souffert dans leur chair. Comment une victime peut-elle se transformer en criminel ? Rien n'est impossible. Les Israéliens prouvent par leurs actes que les choses peuvent se transformer en un clin d'œil en leurs contraires. De victimes innocentes, les voilà qui s'érigent contre leur propre morale et éthique en fanatiques et en criminels. Est-ce les roquettes défensives du Hamas, du Hezbollah et la menace que ceux-ci feraient peser sur « la sécurité » d'Israël qui poussent celui-ci à ces réactions disproportionnées ? Mais là n'est pas l'essentiel. L'essentiel tient à l'impuissance arabe. Les Arabes ont-ils perdu le sens de l'« honneur » qui fait l'une des marques distinctives de leurs antiques aïeux ? Par « honneur », nous entendons l'amour propre, le respect de soi, le souci de défendre bec et ongles ses intérêts vitaux, matériels et moraux qui supposent dignité, bravoure et autres vertus morales. Deux principes fondamentaux d'« honneur » ont toujours constitué une valeur hautement sacrée et déterminé en même temps la conduite des chevaliers aussi bien arabes « anciens » que Berbères : la femme et le fusil. Ils forment, à côté des enfants, les deux piliers essentiels de l'honneur en tant que vertu morale et éthique supérieure. Y toucher, c'est toucher à la dignité même de l'homme, à ce qu'il a de plus profond et précieux. Si la femme et les enfants symbolisent l'attachement et l'amour envers ces êtres sacrés, le fusil, lui, représente symboliquement la virilité, le courage et l'esprit d'abnégation par lesquels on défie l'ennemi qui serait tenté de porter atteinte au harem (c'est le sens même, en arabe, du sacré). Or, les massacres que vient de perpétrer la barbarie sioniste à l'encontre du peuple palestinien de Ghaza, massacres qui se renouvellent à intervalles réguliers depuis 1948, sans que les régimes arabes ne réagissent avec la rigueur qu'exigent les circonstances, sont un témoignage flagrant de la perte de l'honneur et de la dignité. Si les régimes arabes limitrophes d'Israël disposent effectivement de « fusils » et de munitions plus que suffisantes, ils ne disposent plus en revanche de cette fierté, de ce courage physique et politique pour faire bon usage et défendre leur honneur, leurs intérêts nationaux. Ils en sont réduits à dénoncer verbalement les agressions et les viols dont leurs « frères » palestiniens sont l'objet, à assister en spectateurs passifs à leur extermination, à exhorter « la communauté internationale », dominée par les USA et l'Europe, à venir au secours du peuple de Ghaza et à en appeler, enfin, à la réunion « extraordinaire » de la ligue arabe, dont l'impuissance n'a d'égale que l'incurie et l'incapacité de ces régimes à relever les défis que leur lancent au nez et à la face une poignée de sionistes remplis de haine et imbus d'arrogance. Poignée, il faut bien le reconnaître, qui sait non seulement manier avec dextérité les « fusils » dont elle dispose, mais sait aussi narguer et humilier avec raffinement ces leaders arabes, en majorité couards et adipeux et qui accusent les coups et les avanies sans broncher. Ramollis par la paresse et le luxe que favorise la rente tirée du pétrole, ils sacrifient leurs intérêts nationaux, leur dignité et leur honneur sur l'autel de leur confort matériel et leur tranquillité… Alors qu'ils disposent des « fusils » et des plus perfectionnés, ces leaders arabes ne savent ou ne veulent s'en servir pour défendre leur honneur, épouses et enfants, écrasés par les bombes de hordes sionistes. De crainte d'être dépassés, de perdre le pouvoir, ils privent leur peuple de dresser la tête. L'arrogance sioniste et la soumission arabe Victimes de ces crises de démence orgiaque que les dieux déchaînent sur les individus et les peuples enivrés par une trop constante fortune, les sionistes se croient tout permis et vont jusqu'à rééditer la barbarie dont furent eux-mêmes victimes. Les juifs se sont souillés de crimes abominables. Terribles sont les blessures qu'ils nous ont faites et que leurs frénésies voudraient incurables. Mais nous ne souffrons moins de ce pitoyable avilissement d'une nation factice, créée de toutes pièces, apostate et félonne, que de la lâcheté de nos leaders. Ceux-ci ont abjuré le credo qui leur avait valu un moment de l'histoire la maîtrise des âmes et des esprits. Ce que les juifs ont voulu et réussi de fait, c'est de fouler aux pieds la dignité des Arabes, dont ils attendent qu'ils tendent docilement le cou à leur joug, au bâton de leurs officiers, à la férule de leurs généraux et aux ordres de leurs politiques… Les Israéliens ne se trompent pas dans leurs analyses et évaluations des perspectives politique et anthropologique : ils savent devoir être servis dans leurs desseins criminels par les faiblesses presque congénitales et les divisions chez leurs adversaires… Ils savent que de ces divisions et querelles de ménage arabe n'en sortiront aucun souffle national qui emporterait leur arrogance et leur prétention à l'hégémonie. De Gaulle ne s'est point trompé en qualifiant les juifs de « peuple arrogant et dominateur ». Ce « peuple », qui se targue d'être l'élu de Dieu, le pionnier de la science, de la technique et de l'art, de l'humanisme, en arrive finalement à commettre des crimes abominables et qui n'ont d'équivalents que ceux dont ils furent eux-mêmes victimes. Leurs crimes ne doivent pas être pardonnés, eux qui sacrifient ce qu'ils croient ou prétendent être la vérité à des intérêts féroces ou à des préjugés criminels. Quant aux dirigeants arabes, veules et pusillanimes, ils ne sentent pas battre le cœur de nos peuples et de leurs jeunesses qui, las de trop longues humiliations, n'en demandent pas moins d'en découdre avec ces criminels de sionistes qui brûlent nos terres et nos maisons, violent et violentent nos foyers et souillent nos dignités et notre honneur… Les sionistes, partout, expectorent leur haine contre les Arabes et surtout contre le Hamas et le Hezbollah qui seuls refusent leur diktat. La presse occidentale, avec ses magazines aux titres et images chocs, ne montre ces carnages que pour en imputer la responsabilité aux roquettes lancées sur les localités sud de l'Etat juif par le Hamas ou le Hezbollah. Ainsi se trouve atténuée la responsabilité des juifs. Les porte-paroles attitrés du sionisme en France, représentés par les « nouveaux philosophes », comme Alain Finkilekraut, Bernard Henry Lévy, J.P. Taguief Glukcemann et consorts produisent des discours et des articles furibonds dans les grandes revues influentes (L'Express, Nouvel Observateur, Figaro Magazine, Paris Match, Valeurs Actuelles, Le Point…) contre ces deux mouvements de résistance à l'occupation présentés comme « terroristes ». Manière astucieuse et malhonnête de disculper Israël et de le présenter en « victime ». Sur les ondes occidentales, sur les écrans de télévision, on y présente comme victimes non pas les centaines d'innocents civils palestiniens, femmes, enfants et vieillards, mais les quelques légers blessés juifs de la colonie située à 15 km de Ghaza. On y entend des voix juives et européennes s'indignant et se lamentant des égratignures subies du fait des éclats des roquettes par les colons, mais passant totalement sous silence les centaines de Palestiniens déchiquetés par les bombes d'avions de guerre… L'Amérique des « démocrates » d'Obama n'est pas en reste. Elle jette la responsabilité sur les victimes, accusant Hamas d'être l'unique responsable des carnages causés par Israël. Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne, et le chef de l'Etat égyptien, Hosni Moubarek, la confortent dans ses partis pris pro-juif et lui fournissent en tant que leaders arabes la caution morale qui légitime son appui inconditionnel à l'Etat sioniste. Lorsque des leaders arabes présentent le Hamas, mouvement de résistance à l'occupation, comme « terroriste », il ne faut pas s'attendre à ce que le principal protecteur d'Israël, et Israël lui-même, ne se réjouissent d'une telle attitude. Hamas et Hezbollah, bêtes noires d'Israël et de ses protecteurs Pour Israël, ces deux mouvements de résistance constituent un obstacle majeur au « processus de paix » au Proche-Orient, c'est-à-dire au projet sioniste d'expansion et d'hégémonie sur la région. Pour Israël, l'autonomie ou « l'indépendance » du peuple palestinien n'est concevable que si ce dernier se résigne à une souveraineté politique surveillée, soumise au contrôle d'Israël. Pour avoir l'apparence de l'indépendance, le peuple palestinien devrait se contenter d'une représentation nominative, mais formelle, dont l'Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas du Fatah, serait l'incarnation « légitime ». Pour ne pas donner l'impression d'une puissance occupante, Israël déléguera en sous-main son pouvoir aux représentants supposés « légitimes » des Palestiniens, dont il aura la tâche de distribuer les ordres, les rôles et les missions de contrôle et de gestion des affaires palestiniennes. Gouvernement fantoche dirigé par un personnage potiche, voilà la seule indépendance envisagée par Israël pour assurer sa sécurité et pérennité durable sur toute l'étendue de la Palestine qu'il occupe depuis 1948, agrandie par les annexions opérées à la faveur de ses victoires de 1967 et de 1973 contre les armées arabes. Or, les seuls à s'opposer à ces arrangements honteux sont le Hamas et le Hezbollah, et c'est pourquoi ces deux mouvements de résistance focalisent toute la haine des sionistes et mobilisent toutes les ressources de leur propagande pour les discréditer sous le vocable fallacieux de « terroristes ». Certains régimes arabes, y compris l'Autorité palestinienne, gobent sans gêne ni honte cette propagande ennemie et lui apportent du coup une justification morale et politique. Certains leaders arabes, dont la vénalité et la corruption n'échappent pas à leurs « amis » et protecteurs occidentaux, qui n'hésitent d'ailleurs pas à les railler et à les ridiculiser, se révèlent être les fossoyeurs de la Palestine historique, après l'avoir été de leur propre nation. Cause de malheurs, de déshonneur et de honte bue jusqu'à ne plus soif par les peuples arabes, bridés et réduits à la condition d'ilotes, certains de nos leaders au profil bas, couards et obséquieux, corrompus jusqu'à la moelle et indignes, ne se rendent pas compte ou feignent d'ignorer qu'ils jouent à fond le jeu des puissances étrangères qui travaillent à la ruine de leurs nations et à l'abaissement de leurs peuples. Même Saddam Hussein, si « courageux » et si « nationaliste » que l'on ait pu prétendre, n'a pas failli en jouant double jeu, de précipiter la nation irakienne de son âge d'or dans son âge de fer… et de sang. Comme quoi « le courage » et « le nationalisme » seuls ne suffisent pas à conférer à une nation sa dignité, sa force et sa puissance dans le concert des nations. Ce qu'il faut, c'est l'intelligence politique et le sens aigu des intérêts suprêmes de la nation et de l'Etat. Or, cette conscience fait défaut à certains leaders arabes pour qui les intérêts étroits et bornés de leurs clans ou réseaux familiaux priment sur ceux de la nation qu'on peut sacrifier à la préservation de ses propres privilèges et à la reconnaissance obtenue des puissances étrangères. La « modération » que ces puissances attendent de leurs « amis » et « protégés » signifie le renoncement de ces derniers à leurs droits, voire leur capitulation devant les exigences exorbitantes de l'Occident et de son allié stratégique dans la région : Israël. Bêtes noires d'Israël et de l'Occident impérialiste, le Hamas et le Hezbollah sont les deux seuls mouvement de résistance à laver la honte du Monde arabe et à lui redonner le minimum de dignité que les armées arabes réunies de la région n'ont pas pu lui assurer. C'est pourquoi, toute la haine sioniste s'est concentrée sur ces deux mouvements de libération nationale qui refusent non seulement d'abdiquer devant la puissance de feu d'Israël, mais qui ont réussi à briser le mythe de son invincibilité... L'on ne s'étonnera pas si ceux qui refusent de courber l'échine et de tendre le cou au joug de cet impérialisme occidental, soutien inconditionnel du sionisme dominateur et expansionniste, soient considérés comme « terroristes » et ennemis de « la paix », voire même de la démocratie. Mais lorsque les peuples qui tentent réellement de faire leur apprentissage de la démocratie, comme c'est le cas en Palestine, ces mêmes puissances s'empressent de la torpiller et de la dévier de son cours. Ainsi, lorsque le Hamas d'Ismaïl Haniya remporte démocratiquement les élections législatives du 26 janvier 2006, les Etats-Unis, l'Europe et Israël ont sitôt fait chorus en criant au scandale. Au Hamas, résistant et anticapitulard, on lui a préféré donc le Fatah « modéré » de Mahmoud Abbas, enclin aux compromis et aux sacrifices des intérêts de son peuple sur l'autel des concessions territoriales et de perte de souveraineté politique. La laïcité « modérée » de l'Autorité palestinienne est, aux yeux d'Israël et des Etats-Unis, bien plus préférable que le radicalisme légitime de Hamas, qui refuse à juste titre le renoncement aux droits fondamentaux du peuple palestinien. (A suivre)