En effet, outre ses caractéristiques nutritives – essentiellement en raison de ses teneurs en protéines végétales qui peuvent remplacer sans aucune contrainte les protéines d'origine animale dans l'alimentation humaine –, les petits pois, à l'instar de toute la famille des légumineuses, possèdent également une incomparable capacité à synthétiser de l'azote organique à partir de l'azote atmosphérique, grâce à des bactéries spécifiques vivant en symbiose dans leurs nodosités. Sur le plan strictement agronomique, cette famille de plante est très utile dans les rotations culturales, ce qui permet d'éviter de faire revenir la même culture durant plusieurs saisons consécutives. Cette pratique permet un rapide développement d'un parasitisme spécifique de cette culture, rendant les rendements très aléatoires. Les petits pois sont également connus pour avoir un cycle cultural relativement court, des rendements qui peuvent être appréciables et un marché très attractif. Surtout que dans la région, pendant les années de faible pluviosité, les fellahs pratiquent une irrigation d'appoint, ce qui leur permet d'être les premiers sur le marché, bien avant les régions où cette culture est pratiquée en sec. Toutes ces caractéristiques, alliées à un marché en constante évolution, du fait du recours des ménagères à la pratique de la congélation, ont permis un rapide développement de cette culture. En effet, depuis une dizaine d'années, on ne voit plus ces petites parcelles malingres de quelques arpents comme jadis, les champs de petits pois sont devenus très vastes, atteignant parfois des dizaines d'hectares d'un seul tenant. Des dizaines d'hectares dévastées Ensuite, avec l'opulence, les techniques culturales finiront par s'améliorer. Même les travaux de buttage jadis effectués essentiellement par de la main-d'œuvre féminine tout comme la récolte seront de plus en plus mécanisés grâce à l'utilisation de charrues à soc traînées par des chevaux ou des mulets. L'activité finira par attirer un nombre de plus en plus croissant de paysans. Mais, depuis un mois déjà, un mal terrible, jamais observé auparavant sur cette culture, aura fait une fulgurante apparition. Les plants sont rapidement asséchés par une maladie qui s'attaque à la partie basse des tiges, celles en contact avec le sol. Très rapidement, elles noircissent, privant les feuilles de la sève nourricière. Les feuilles et les fleurs se mettent alors à se faner à grande allure. En moins d'une semaine, c'est le champ entier qui disparaît sans laisser de traces. Selon les premières constations, il s'agirait d'une bactérie ou d'un champignon, dont le développement est facilité par la très forte hygrométrie et l'humidité des sols, leur ressuyage étant fortement contrarié par de nouvelles chutes de pluie. Ce sont plusieurs dizaines d'hectares qui ont été dévastées, sans que personne ne parvienne à expliquer ce phénomène ni à l'endiguer. Ceux nombreux qui avaient pronostiqué une bonne année agricole, en se focalisant uniquement sur la très importante pluviométrie, devront réviser leurs manuels. Trop d'eau, surtout sur une aussi longue période, ne pouvait que nuire, d'autant que les légumineuses, plus particulièrement les petits pois, les lentilles et les pois chiches n'apprécient guère l'excès d'eau. Car même sur des sols en pente et de surcroît très filtrants, les dégâts occasionnés sont considérables.