«L'intérieur du Soleil se compose (voir illustration) d'un noyau -où l'énergie est produite par réaction de fusion thermonucléaire d'une zone radioactive — où le transport d'énergie est assuré par le rayonnement et d'une zone de convection où le transfert de chaleur de l'intérieur vers l'extérieur se fait par la convection (bouillonnement) de la matière. Le champ magnétique solaire est créé sous cette couche puis il est entraîné à la surface. Le mouvement turbulent du gaz génère à son tour des ondes acoustiques (des variations de pression qui se propagent par analogie avec les ondes sismiques sur Terre). Mon travail consiste donc à étudier l'interaction des ondes sismiques solaires avec le champ magnétique local.» Un code unique au monde Pour comprendre la physique derrière ces phénomènes et pour interpréter les données observées par les sondes spatiales ou les télescopes sur Terre, les scientifiques ont recours à la simulation numérique. «Des modèles théoriques, mis au point dans les années 90, ont permis de comprendre ce qui se passe mais uniquement avec des paramètres simples et si on complique le modèle pour se rapprocher plus de la réalité, les scientifiques se retrouvent devant des mathématiques très complexes et souvent sans solutions analytiques…» Durant son séjour en Allemagne en 2007 à l'institut Max Planck pour l'étude du système solaire à Lindau, Khalil Daiffallah a contribué au développement d'un code de simulation numérique en trois dimensions, unique au monde, pour étudier l'interaction des ondes acoustiques solaire avec ces «inhomogénéités» sous la surface solaire. Dans le cadre de son sujet de doctorat, l'astrophysicien utilise d'ailleurs ce code pour étudier la propagation des ondes à travers ces milieux. Mais pourquoi s'intéresser à ces champs magnétiques ? L'activité solaire résulte de champs magnétiques qui émergent dans l'atmosphère solaire, ils ont une influence significative sur la dynamique et la structure de cette atmosphère et ont une influence directe sur la Terre. Prochaine mission en octobre Ces champs peuvent provoquer des explosions à la surface du Soleil et libérer des particules très énergétiques (protons et électrons) susceptibles d'atteindre notre planète. Rien de dangereux, mais si l'énergie est importante, ils risquent de provoquer des coupures d'électricité ou endommager des satellites. «Cela arrive en particulier lors de la phase d'activité la plus importante du Soleil. Son énergie atteint son maximum tous les onze ans. Le prochain pic attendu est pour 2013», explique le chercheur. Une fois comprise la façon dont les ondes acoustiques interagissent avec les structures magnétiques, les scientifiques pourront explorer le problème inverse qui consiste à remonter à la structure et les caractéristiques du champ magnétique en observant les ondes à la surface du soleil. «Ce sera le rôle des futures missions spatiales. Un vrai défi technologique, car les télescopes devront observer ce qui se passe dans des régions de l'ordre de 100 à 300 km, ce qui est très petit», précise Khalil. Après SoHO (Etats-Unis et Europe) et Hinode (Japon), le lancement de SDO (Etats-Unis) est programmé pour octobre 2009.