Baptisé Ahmed Chatta, ce centre est équipé d'un mammographe, d'un échographe et d'une développeuse et ce, grâce à de généreux donateurs de Laghouat et d'Alger, en plus d'un financement canadien et de l'ambassade du Canada à Alger, selon la présidente de l'association, Mme Tibourtine. Soutenu par les autorités locales, le wali et le DSP de Laghouat notamment, ce projet se veut une première initiative dans la région qui aidera, selon sa présidente, à prévenir des centaines de cas de cancer du sein. La première opération de dépistage se déroulera juste après l'inauguration. Lancées en collaboration avec l'Association d'aide aux malades (Adam), les deux associations ont l'intention d'organiser un dépistage dans une commune de la wilaya de Laghouat. Interrogé à ce propos, le Pr Bendib, chef de service de sénologie au CPMC et président de l'Adam, a souligné que la formation d'une quarantaine de personnes de Laghouat a été lancée depuis une année, dont des médecins généralistes, des manipulateurs radio, des infirmières, des techniciens en cytologie, des sages-femmes, des psychologues, des secrétaires, des archivistes, du personnel d'accueil, etc. «Nous avons reçu et formé à ce jour un médecin généraliste pour l'examen des femmes et un technicien radio pour la réalisation de mammographies. Nous avons obtenu l'accord de participation à ce projet d'un radiologue et d'une association française expérimentée dans le dépistage», nous a confié le Pr Bendib. Quand faut-il faire un dépistage ? Une importante équipe composée de chirurgiens sénologues, de radiologues, d'oncologues médicaux et de radiothérapeutes d'Alger, de Blida, d'Oran et de Constantine se rendra demain et jeudi à Laghouat à l'occasion de cette inauguration pour une prise de contact avec les autorités locales et la population, en vue de s'assurer de la faisabilité sur place de cette opération de dépistage. Selon le Pr Bendib, l'équipement et le personnel formé permettront, dans une première phase, de prendre en charge 5000 femmes âgées de 40 à 69 ans. Une fois réalisée la formation d'un personnel supplémentaire de médecins généralistes, de chirurgiens sénologues et de radiologues ainsi que le personnel de soutien, cette opération pourra s'étendre à d'autres communes de la wilaya, signale notre interlocuteur. «Les Algériennes attendent en moyenne 6 mois pour consulter un médecin alors qu'elles ont palpé elles-mêmes une boule dans leur sein. Or, on connaît parfaitement le temps de doublement moyen (TDM) d'un cancer du sein. Ce TDM est en moyenne de 3 mois. Pour passer d'une cellule tumorale à deux, de 2 cellules à 4, de 4 à 8, il faut trois mois», a-t-il indiqué. Pour passer d'une cellule tumorale à une tumeur palpable par la malade et ou par le médecin, a-t-il souligné, il faut attendre 30 TDM, soit 30 fois 3 mois, c'est-à-dire 90 mois ou plus de 8 ans. C'est pourquoi la nécessité du dépistage qui va chercher les images radiologiques du cancer du sein chez une personne «bien portante en apparence» avant qu'elle ne présente les symptômes apparents de la maladie. Le Pr Bendib signale que le but est de diminuer la fréquence et la gravité du cancer du sein en améliorant la qualité de vie des malades, de même que son coût. Le dépistage est cependant un projet difficile, relève-t-il. Il nécessite, selon lui, des moyens matériels et humains considérables et une organisation rigoureuse ainsi qu'une évaluation régulière et honnête. Il ne s'agit pas d'utiliser les structures de soins existantes, saturées et non qualifiées, pour prendre en charge le dépistage.