L'annonce a été faite hier par David Leitch, secrétaire général de l'ICA, à la faveur du symposium sur la protection internationale des archives ouvert hier au siège de la direction générale des Archives nationales à Alger. Selon Abdelmajid Chikhi, directeur des Archives nationales, l'Algérie travaille à la création d'un groupe au sein de l'ICA pour renforcer la position des pays qui demandent la récupération de leurs patrimoines. Il souligne que le concept des «archives déplacées» a été introduit par l'Algérie dans la nomenclature de l'ICA. Le groupe de travail, qui a planché sur cette problématique du déplacement des archives qui peut être l'œuvre de pillage ou de détournement, est présidé par l'Algérie. D'où la rencontre de Tamanrasset. «Nous voulons avoir un soutien international. L'Algérie n'est pas seule à se plaindre de la perte d'archives, d'autres pays qui ont connu les mêmes problèmes à cause de la colonisation ou de la création de nouveaux Etats font les mêmes demandes. Nous voulons avoir une position commune pour renforcer nos rangs», a précisé A. Chikhi, soulignant que les archives ne sont qu'un élément du patrimoine culturel national. Le problème, selon lui, ne se pose pas avec la France uniquement, mais avec d'autres pays. «Ne faites pas une fixation sur la France. Nous avons des archives en Italie, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Turquie, aux Etats-Unis. Nous préférons donc parler de façon générale. Nous recherchons nos archives là où elles sont», a-t-il soutenu. En décembre 2007, après la visite du président Nicolas Sarkozy en Algérie, Paris a décidé de remettre à Alger des archives audiovisuelles et des plans de mines. La valeur de ces documents a été mise en doute par Mohamed Chérif Abbas, ministre des Moudjahidine, et par A. Chikhi. «Ces archives font l'éloge de la colonisation», avait estimé M. Abbas. Début mars 2009, l'Algérie et la France ont signé un accord prévoyant «une plus forte coopération archivistique» entre les deux pays «dans l'intérêt des professionnels et du public». L'accord porte sur la formation, le partage d'expertise et l'échange d'information et de copies. L'Algérie a pu récupérer également une partie de ses archives en Turquie. Faisant le parallèle avec le mouvement des non-alignés, A. Chikhi a appelé l'ICA à sortir d'une certaine neutralité. «La neutralité ne profite à personne. Il faut prendre des décisions et faire des efforts pour affronter les Etats. Nous, en tant que direction des Archives nationales, n'avons pas de prérogatives pour nous adresser aux Etats à propos de la protection du patrimoine archivistique», a-t-il dit. Louant les actions de l'ICA, il a souhaité que ce conseil soit «plus actif» sur le terrain. «L'ICA doit élaborer une politique plus volontariste, plus percutante, plus efficace pour mieux comprendre les problèmes rencontrés par les pays les moins nantis. Nous voulons un certain équilibre dans les plans d'action destinés à nos pays», a-t-il ajouté. David Leitch a évoqué la réactivation d'un fonds pour le développement international des archives et d'une série de projets concrets élaborés après le récent congrès de Kuala Lumpur (Malaisie) dans le cadre d'une stratégie étalée sur dix ans. Il a parlé aussi de la promotion de l'arabe, grâce à l'aide de l'Algérie, au sein de l'ICA. Selon A. Chikhi, plusieurs difficultés se posent pour la gestion et la sauvegarde des archives, à commencer par le manque d'archivistes expérimentés. «Les ressources financières ne posent pas problème», a-t-il estimé. Ce n'est pas le cas pour l'ICA, qui dépend à 100% des cotisations de ses membres. L'ICA est, d'après David Leitch, à la recherche de nouvelles ressources. Il est envisagé la création d'une fondation pour organiser des activités commerciales à Abou Dhabi. Une partie de l'argent récupéré sera destinée à la formation. Selon A. Chikhi, l'Algérie a des spécialistes en mesure d'assurer des formations et de mettre à niveau les cadres du secteur. D'après lui, le symposium d'Alger a pour but d'élaborer des règles de conduite et des programmes d'action à remettre à l'ICA. L'ICA est une ONG qui comprend un réseau mondial de plus de 1400 membres institutionnels dans 190 pays. «L'ICA est l'organisation professionnelle des archives et des archivistes dans le monde entier. Ses buts sont de promouvoir la préservation, le développement et l'utilisation du patrimoine archivistique mondial», est-il précisé. La présence à Alger de David Leitch est vue comme un pas positif dans la perception des problèmes liés à la protection des archives. Christophe Jacobs, président du comité français du Bouclier bleu, a expliqué les démarches de sauvegarde des archives et les modes d'intervention en cas de danger majeur (conflits, incendies, catastrophes naturelles…). Le Bouclier bleu travaille aussi sur les effets des changements climatiques sur les archives. The International Committee of the Blue Shield (ICBS, Bouclier bleu) active au niveau mondial depuis 1996 pour «protéger le patrimoine culturel mondial en cas de guerre ou de catastrophe naturelle».