Les enseignants diplômés acceptant l'offre du Sud seront dispensés du concours académique de recrutement, a déclaré le ministre de l'Education à El Watan Vendredi. M. Benouzid rassure par ailleurs les candidats au bac spécifique que l'exercice des maths, qui n'a pas été dispensé dans le programme scolaire, sera annulé. Une enquête sera également ouverte pour vérifier l'authenticité des doléances des candidats libres qui se disent lésés. Commençons d'abord par le récent examen du bac. Avec toutes les nouvelles dispositions prises, il y a quelques mois, nous avons l'impression que le ministère de l'Education n'arrive pas encore à maîtriser cette épreuve… Absolument pas. L'organisation est parfaite. La sécurité et la surveillance sont au top et même les syndicats se sont félicités de cette organisation qui devient au fil des années maîtrisée. Et moi personnellement, je considère que l'examen du bac et les deux autres épreuves nationales se sont déroulés dans de bonnes conditions. L'épreuve des mathématiques pour la filière économie et gestion a encore une fois enregistré des erreurs ou une « coquille », comme vous préférez l'appeler, mais qui a sans doute perturbé les candidats… - Justement, sur cette filière, il y a uniquement une erreur de frappe. Un petit « f » au lieu d'une lettre majuscule et qui a été corrigée à temps, dès le début de l'épreuve. Oui… mais, 40 minutes après le début d'épreuve ! Oui, supposons cela, mais l'examen dure quatre heures. Cette erreur de syntaxe se trouve à la fin du sujet et pour arriver à cette question-là, il faut au minimum trois heures. Des pays aussi puissants que la Grande-Bretagne refont tout un examen suite à des erreurs et, nous quand nous faisons seulement une erreur de syntaxe sur des milliers de sujets qu'on établit, on nous accuse de mauvaise gestion. Personnellement, je me félicite pour cette organisation. Mardi dernier, j'ai rendu visite aux candidats de Tizi Ouzou qui affirment avoir pu rattraper l'erreur et bien saisi les données de l'exercice. Les candidats libres ont également subi un choc durant cette session. Une erreur monumentale s'est produite dans l'affectation des candidats dans leur centre d'examen et ils ont fini par être examinés dans l'ancienne formule du bac au lieu de l'actuelle… C'est la première fois que je prends connaissance de ce fait. Pour les candidats libres, il n'y a absolument rien à signaler. Jusqu'à maintenant, je n'ai encore rien reçu et aucune erreur ne m'a été signalée de la part des centres d'examen à l'échelle nationale. Statistiquement, il y a seulement 3000 candidats libres pour le nouveau bac. Tout a été parfaitement fait et tous qui se considèrent être lésés peuvent m'écrire personnellement. Je dois dire également que ceux qui veulent réussir le bac ne peuvent le faire qu'à la sueur de leur front et en respectant rigoureusement les règlements imposés. Mais des cas existent, des candidats libres témoignent avoir quitté ce matin (mercredi) les salles d'examen… Qu'ils quittent… l'essentiel pour moi que les candidats scolarisés le passent correctement. Pourquoi ils quittent au quatrième jour ! Je ne comprends pas ces agissements. Quand j'aurais les doléances des candidats et prendrais connaissance de quoi il s'agit exactement, je tirerai les choses au clair. Comment rassurez-vous ces candidats ? Le ministère de l'Education ouvrira une enquête. Je déterminerai les responsabilités des uns et des autres. Entre temps, je suis à la disposition de l'ensemble des candidats. Je suis là pour recevoir les doléances de tous les candidats, y compris les candidats libres. Mais seulement, ceux ayant respecté nos règlements. Y a-t-il des dépassements de la part de cette dernière catégorie ? - Absolument. Précisément, il y a trois cas, dont un à Oum El Bouaghi. Le candidat voulait être dispensé de l'épreuve d'espagnol alors qu'il est inscrit dans la filière langues étrangères. Les deux autres candidats sont arrivés 30 minutes plus tard à l'examen et ont donc été empêchés de passer les épreuves. Certains candidats libres veulent, à n'importe quel prix, arracher leur bac, quitte à enfreindre le règlement. Ce que les scolarisés n'osent pas faire. Ceux qui comptent avoir leur bac en dehors des normes pédagogiques se trompent. Et pour les candidats du bac spécifique examiné pour un sujet hors programme ? C'est la seule erreur qui a été signalée. Ils sont exactement 37 candidats inscrits au bac spécifique concernés par l'exercice de maths qui était hors programme. Nous avons eu des preuves et une décision a été prise dans ce sens après enquête d'une commission spécialisée. Une note a été adressée aux correcteurs qui doivent rattraper cette erreur dans leur barème de correction. Autrement dit, l'exercice ne sera pas comptabilisé et le barème de correction sera révisé pour comptabiliser seulement les questions dispensées dans le programme. Contrairement aux années précédentes, cette fois-ci, vous préférez vous abstenir de donner des estimations des résultats du bac… J'ai toujours travaillé à moyen terme. Une fois les réformes terminées, soit dans quatre ou cinq ans, nous atteindrons nos objectifs. Je ne peux nullement vous annoncer un pourcentage de cette année, même d'une manière approximative, pour la bonne et simple raison que le système d'éducation n'est pas encore stable et sa réforme n'est pas encore terminée. Ne s'agit-il pas plutôt du niveau des candidats de cette année, qui sont majoritairement des doublants ayant fait l'école fondamentale ? Absolument. C'est pour cela que je vous dis qu'il faut attendre l'année prochaine lorsque nous aurons la première promotion qui a fait tout son cursus scolaire avec les nouveaux programmes. Et sur cela, je pourrais plus ou moins me fixer sur des estimations. Les wilayas du Sud continuent d'exiger l'organisation d'une session d'examens de fin d'année indépendamment de celles du Nord pour des raisons climatiques. Une promesse ? Nous avons passé un long chemin pour arriver un bac national. Je ne peux pas organiser deux examens. Les examens se valent. Il n'y aura pas deux collèges et deux Algérie. Autrement dit, les programmes d'enseignement sont des programmes nationaux pour tous les enfants du pays avec le même volume horaire et par conséquent les examens ne peuvent être que nationaux, et ce, pour des raisons d'équité. Et la politique des examens régionaux que le secteur avait pratiquée par le passé a connu ses limites et ses insuffisances. Les deux régions ont les mêmes enseignants et des programmes identiques, et les moyens alloués au Sud sont plus importants qu'au Nord. Pourquoi voulez-vous que l'Algérie érige donc dans ce système éducatif une école à deux vitesses. Il faut par contre connaître les problèmes spécifiques à la région pour trouver les solutions idoines pour que les établissements du Sud soient sur un pied d'égalité avec le Nord. Nous connaissons parfaitement les problèmes du Sud, c'est spécifiquement le manque d'enseignants de français et de maths. Pour y remédier, nous sommes en discussion avec le ministère de l'Enseignement supérieur pour former des enseignants qualifiés dans ces wilayas. La solution urgente est d'affecter les enseignants du Nord au Sud. Des mesures incitatives seront prises. Outre un poste budgétaire, un logement leur sera alloué. 4000 logements seront d'ailleurs réservés à cet effet. Je suis également en train de négocier une dérogation auprès de la direction générale de la Fonction publique pour que ces enseignants soient recrutés sans passer par le concours. Le ministère reste encore impuissant face à la violence scolaire. Depuis le temps où plusieurs cas flagrants sont recensés, aucune sanction ni exclusion n'a été décidée à l'encontre des auteurs… Nous prenons des décisions sans les rendre publiques. Des sanctions très sévères tombent à chaque fois à l'encontre des auteurs. Il y a eu beaucoup de renvois dans le cycle secondaire. Mais il ne faut pas s'attendre à des solutions telles que celles pratiquées de l'autre côté de la Méditerranée, comme les portails de sécurité, la police dans les écoles… Le décret portant sur cette question est au niveau du Premier ministère. Un fait qu'il faudrait également soulever, c'est le rôle de la famille qui doit impérativement coopérer avec l'école. Car cette dernière n'est nullement responsable de la violence. Le ministère ferme encore les yeux sur des dépassements et des défaillances pratiqués par les écoles privées… Je ne ferme pas les yeux. Elles ne répondent pas aux règles du cahier des charges sur le plan physique. Très peu d'écoles privées ont des structures appropriées pour une bonne scolarisation. Et j'avoue que nous fermons les yeux sur cet aspect, mais je suis plutôt sévère sur le plan pédagogique. Il y a un début à tout, les choses s'amélioreront certainement et nous continuons évidemment de les encourager. Je ne peux pas être méchant avec ces écoles. De toutes les manières, il n'y a que 140 écoles qui scolarisent 25 000 élèves à l'échelle nationale. Personnellement, je lance un appel pour investir davantage dans ce domaine et particulièrement dans le préscolaire. Pour tout investissement, je leur promets une aide. A titre d'exemple, en attendant de nous fixer sur les mesures incitatives d'une manière définitive, je leur promets une formation pour les enseignants gratuitement et probablement des quotas de livres scolaires à titre gracieux. En tout cas, nous faisons dans le donnant-donnant, car nous avons besoin de leur aide. A la prochaine rentrée scolaire, vous comptez opérer une fois de plus un allégement dans les programmes scolaires pour le cycle primaire, un éternel chantier que les élèves et leurs parents n'arrivent plus à suivre… Ce n'est pas moi qui demande cet allégement. Au contraire, ce sont les parents qui exigent ces retouches. Pour la prochaine rentrée scolaire, j'ai demandé à la commission de pendre en charge les demandes des parents et les remarques des inspecteurs. La commission doit trouver les meilleurs moyens pour alléger ces programmes et transmettre le savoir d'une manière plus rapide et fluide. Ce qui va changer n'est pas grand-chose. Probablement, la commission, qui achèvera son travail d'ici le 20 juin, allégera le volume horaire de certaines matières, à l'exception de la langue arabe et de l'éducation islamique. Bio express Boubekeur Benbouzid est le « doyen » des ministres. Après avoir occupé plusieurs postes dans l'université depuis 1989, puis député d'Oum El Bouaghi, il est membre depuis 1994 de tous les gouvernements. Natif de la ville de Aïn Beïda, dans la wilaya d'Oum El Bouaghi, Benbouzid fait ses études dans sa ville natale, pour rejoindre ensuite Constantine où il obtient, en 1973, au lycée technique Tewfik Khaznadar, son baccalauréat option techniques mathématiques. En 1973, il part faire ses études dans l'ex-Union soviétique dans l'Institut polytechnique d'Odessa et de Saint-Pétersbourg d'où il ressort en 1979 ingénieur en radiotechnique. Il obtient son master en 1981 et son doctorat d'Etat en 1985.