Le navet est vendu à 70 DA le kilo, le chou-fleur à 80 DA… La mercuriale illustre ainsi parfaitement cette hausse vertigineuse des prix des fruits et légumes durant ces derniers jours. Les commerçants commencent à s'inquiéter, tandis que les consommateurs n'arrivent plus à supporter la flambée subite des prix des légumes, notamment de la pomme de terre. Touam Lakhdar, mandataire au niveau du marché de gros d'Attatba, nous affirme que, d'ici un mois, le prix de ce légume de base, essentiel pour les familles algériennes, «devra baisser pour atteindre 35 DA le kg , mais il faut faire attention, car les semences mises sur le marché par les importateurs sont de mauvaises qualités». Mostaganem, Mascara et Aïn Defla sont les wilayas qui produisent de grandes quantités de pommes de terre et alimentent le marché de gros d'Attatba. «Au moment où je vous parle, déclare notre interlocuteur, la pomme de terre est vendue à 78 DA le kg sur pied dans les champs à Oued Souf. Que dire de son prix à son arrivée au marché d'Attatba…». Aussi, les mandataires n'arrivent plus à écouler la pomme de terre. «Les marchés ne bougent plus, il y a saturation et mévente de ce légume», indique un autre mandataire. «Les terres agricoles sont en péril, en raison de l'importation de semences pleines de virus et de parasites», soutient un autre. Par ailleurs, selon certains mandataires, il y a des spéculateurs qui disposent d'importants stocks de pommes de terre à Aïn Bessam, Aïn Defla et Mascara et qui profitent de la conjoncture pour gagner beaucoup d'argent. Boulekdam Abdelkader, également mandataire au marché de gros d'Attatba, nous explique que le prix trop élevé des engrais, la semence de mauvaise qualité et l'incapacité des fellahs à exploiter l'ensemble de leurs terres ont entraîné cette faiblesse de la production de la pomme de terre, qui s'est traduite inexorablement par la hausse de son prix. Et d'ajouter : «Aujourd'hui, beaucoup de fellahs ne travaillent plus leurs terres. Ils les louent à d'autres personnes qui n'ont rien à voir avec l'agriculture et ne peuvent donc pas acheter de l'engrais directement du magasin agréé, comme le stipule la réglementation.» Un autre mandataire regrette quant à lui le désengagement de l'Etat : «Il faut vérifier la qualité de la semence avant de la ramener en Algérie, comme cela se faisait dans le passé», réclame-t-il, avant d'ajouter : «Le soutien annoncé en faveur des agriculteurs ne signifie rien et ne résoudra jamais le problème, si l'Etat n'exerce pas son contrôle en amont et en aval pour que les semences introduites en Algérie soient de bonne qualité, tout en assurant la régularité des approvisionnements». Pendant ce temps, le prix de la pomme de terre devra continuer à flamber jusqu'au mois de juin, selon les propos de nos différents interlocuteurs. Le vent de folie continuera à souffler sur les étals des marchés des fruits et légumes jusqu'à l'été, en l'absence d'une prise en charge sérieuse.