Est-il devenu dangereux d'exhiber son identité algérienne en terre étrangère ? La suspicion que suscitent nos concitoyens en dehors de nos frontières est telle que même dans les pays dits frères, le touriste algérien circulant légalement, de surcroît dans son propre continent, est victime de l'abus d'autorité. D. Samir Ryad, âgé de 28 ans, sociologue et résidant à Tlemcen en sait quelque chose, lui qui est toujours sous le choc après la mésaventure qu'il a vécue en territoire mauritanien. Le 28 novembre 2004, il quitte le poste de Bordj Badji Mokhtar en direction de Gao, la ville malienne. Après un court séjour dans ce pays subsaharien, il continue vers la Mauritanie. Le 5 décembre, il est arrêté par les gendarmes au poste frontalier de Bassi Nko, à Néma, « sous le prétexte fallacieux de procéder à mon identification, on m'a mis en garde à vue ». Une détention qui durera 28 jours. « On m'a laissé poireauter dans leurs locaux dans des conditions déplorables. La providence m'a fait connaître un Mauritanien qui, ayant pitié de ma situation, me nourrissait quotidiennement avec du riz. » La santé de Samir Ryad dépérissait à vue d'œil, « on me posait des questions bizarres, comme si, nous, les Algériens étions tous des suspects notoires. » Livré à lui-même, il se fait escroquer par un avocat qui lui soutirera 1000 euros (facture délivrée par Me Mohamed El Mustapha Ould Didi). « J'ignorais le sort qui m'était réservé et n'ayant rien à me reprocher, j'ai contacté un avocat ». Voyant que sa santé se détériorait, les autorités mauritaniennes l'ont relâché le 5 janvier 2005 dans des conditions lamentables. Toujours traumatisé, le jeune Samir Ryad a expliqué son cas aux services consulaires algériens à Nouakchott et au ministère des Affaires étrangères par courrier. « Je suis retourné sain et sauf au sein de ma famille et c'est l'essentiel. ». En fait de périple de rêve, notre globe-trotter a vécu un cauchemar...