Le retour de Benyamin Netanyahu au pouvoir, en Israël, marque un coup d'arrêt au processus de paix engagé avec les Palestiniens. Incarnant le courant le plus radical du Likoud, Netanyahu, qui a déjà été Premier ministre de 1996 à 1999, n'a accepté qu'à contre-cœur un dialogue avec les Palestiniens qu'avaient rendu inéluctable les accords d'Oslo. Il est l'artisan de l'échec de la médiation personnelle qu'avait entreprise le président Bill Clinton pour sauver un processus de paix pratiquement condamné après l'assassinat d'Itzhak Rabin en 1995. Depuis cette date, les gouvernements qui se sont succédé en Israël ont tout mis en œuvre pour rendre caducs les accords d'Oslo. C'est loin d'être un fait du hasard si les radicaux ont toujours eu les faveurs de l'électorat israélien. La prolifération de petits partis extrémistes et fondamentalistes qui viennent à chaque coup s'agréger aux partis traditionnellement dirigeants, témoigne d'une orientation profonde de la société israélienne par rapport à des relations apaisées avec les Palestiniens. Sur ce registre, il n'y a pas de différence, au-delà des inscriptions partisanes, entre Netanyahu, Ariel Sharon, Ehud Barak ou tout récemment encore Ehud Olmert. Leur dénominateur commun reste d'étouffer les promesses nées des accords d'Oslo signés en 1993 par le défunt Yasser Arafat et Itzhak Rabin. Qu'ont obtenu les Palestiniens dès lors ? Une répression sanglante, l'implantation de nouvelles colonies hébreues et l'édification d'un mur de séparation qui fait de leurs territoires des prisons sous haute surveillance. Ce n'est donc pas seulement l'enterrement solennel des accords d'Oslo que consacre le retour aux affaires de Netanyahu, mais un recul israélien aux années Ben Gourion et Golda Meir. Cette résurgence tord le cou au mythe d'un Israël démocratique dans la mesure où ce sont les Palestiniens qui en payent le prix pour avoir accepté le pari d'une paix possible. Cet espoir s'est heurté non seulement aux manœuvres de la classe politique, mais de toute la société israélienne qui cautionne invariablement le recours à la guerre. Pas plus qu'Olmert avant lui, Netanyahu ne veut pas entendre parler d'un Etat palestinien et il ne prend pas de précautions oratoires pour le dire avec une brutalité qui lui a valu les faveurs d'une grosse proportion de l'électorat israélien. Le plus que pourrait accepter Netanyahu, et ce serait pour lui une concession, serait d'enfermer les Palestiniens dans une espèce de Bantoustan qui les ferait dépendre de toutes les façons d'Israël. C'est une posture irresponsable et provocatrice qui n'insulte pas seulement les Palestiniens mais toute la communauté internationale, en plus d'un déni de toutes les années d'efforts pour tenter de construire de nouveaux équilibres dans la région. S'il adopte cette ligne de conduite extrémiste, c'est que Netanyahu sait qu'il dispose de l'appui et de la protection des Etats-Unis, mais qu'en outre les Israéliens le considèrent comme l'homme de la situation pour faire face à la seule et vraie menace qui pèse sur Israël : la paix. C'est en cela que Netanyahu est un homme du passé.