«Nous sommes des morts-vivants et je suis prêt à mourir pour gagner le pain de mes six enfants», nous dira un contrebandier rencontré dans une pompe à essence à Bir El Ater. Vrai, le pouvoir ne fait rien en matière de développement de cette région difficile et déshéritée, mais de là à se rebeller contre l'Etat… Les attaques nocturnes et les affrontements avec les corps de la gendarmerie et des Douanes sont devenus fréquents dans la région. Elle est sous l'emprise de ce fléau depuis bien longtemps et le préjudice subi par ces institutions est souvent considérable. Citons l'attaque perpétrée contre un barrage fixe de la gendarmerie au carrefour entre Bekkaria et Tébessa ; cet énième événement du genre fait parler de lui, devenu un sujet d'actualité pour les uns, mais banalisé par d'autres. «L'enquête suit son cours et les gens qui ont commis cet acte vont être jugés», nous a déclaré par téléphone le préposé de la cellule de communication au groupement de gendarmerie de Tébessa. Une vingtaine de personnes ont attaqué, en fin de semaine dernière, avec des jets de pierres et de bouteilles, un barrage fixe de la gendarmerie, dressé sur le tronçon reliant Tébessa à la commune de Bekkaria. Cet incident survient à la suite de l'arrestation d'un contrebandier par les services de la gendarmerie. Aussitôt, des affrontements entre les éléments de la gendarmerie, les membres de la famille et les amis du trafiquant ont éclaté peu après l'interception d'une voiture de marque Peugeot, à bord de laquelle il y avait des produits de contrebande. La voiture saisie a été récupérée de force par ces derniers qui, en signe de victoire, sont rentrés, en faisant un boucan avec les klaxons et les feux de détresse. Au mois de mars dernier, le parc des Douanes de Bekkaria a failli être complètement incendié à la suite d'une attaque au cocktail molotov par une vingtaine de contrebandiers. L'offensive survenait à la suite de l'interception d'une voiture appartenant à un trafiquant par les services des Douanes de la région. Ce qui a déclenché une riposte des trafiquants par des jets de pierres sur le convoi des services des Douanes avant de s'attaquer au parc de cette institution avec des bouteilles de cocktail Molotov, ce qui a provoqué un incendie, qui heureusement, sera vite maîtrisé par les éléments de la Protection civile. Le 24 septembre 2008, des contrebandiers de Tébessa ont bloqué la route par des barricades au groupement des gardes frontaliers (GGF) d'El Ouinet suite à une communication téléphonique faisant état qu'un des leurs s'était fait saisir la voiture par des gendarmes. De peur que la situation ne dégénère, un gendarme de la brigade conduisant la voiture mise en cause, a essayé de rebrousser chemin en empruntant une piste. Aussitôt, une course poursuite s'était engagée derrière lui par une dizaine de véhicules roulant à vive allure, la voiture saisie finira dans un ravin et le gendarme sera grièvement blessé. Des cas pareils, on peut en citer plusieurs. Relevons juste le fait qu'il y a deux ou trois ans, des contrebandiers à Bir El Ater ont utilisé des armes contre des douaniers. Cette situation, où la violence est déclarée contre ces hommes en uniforme, censés protéger nos frontières, a atteint son comble. Face à cela, est-il besoin de dire ce qu'il faut faire ?