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« Quand vous fermez un bar, vous en créez cent autres clandestins »
Lettre à messieurs les walis
Publié dans El Watan le 17 - 06 - 2009

Les dernières fermetures des bars restaurants (Alger, Oran, Annaba) portent à plus de trois mille le nombre d'établissements servant des boissons alcoolisées contraints, par défaut, à la fermeture depuis les dix dernières années.
M. Belkhadem, ancien chef du gouvernement, ne cache pas sa joie d'être à l'origine de ces résultats. Dans ses convictions intimes, il a raison, il impose ses fantasmes à l'Algérie. Ce faisant, il ignore les conséquences de ces choix militants, car c'est exactement ainsi qu'on produit, entre autres drames, des harraga. Sur la base de certains de nos travaux, je vais tranquillement expliquer à ces messieurs les walis fermant les bars, M. Belkhadem compris, que ces interdictions sont dangereuses et criminelles parce qu'elles produisent des effets contraires à ceux qu'ils disent rechercher. Pire, elles aggravent, en les potentialisant, les effets et comportements qu'ils disent vouloir atténuer. Savent-ils qu'en fermant un seul bar, ils en créent cent autres clandestins. A la question posée à plus de douze mille Algériens (sondages protégés réalisés en 2006 et 2008), voici la question posée aux buveurs en sondage national : « Quand il n'y a plus de bars dans votre wilaya, que faites-vous ? » Réponses consolidées des interviewés :
1. Je bois chez moi, 59%
2. Je vais boire dans une autre wilaya, 20%
3. Je vais boire dans un bar clandestin, 11%
4. Je vais boire chez des amis, 9%
5. J'arrête de boire, 1%
Ces données sont éloquentes, elles confirment tout ce que nous savions déjà sur les prohibitions, directes ou indirectes, des boissons alcoolisées. La prohibition de l'alcool aux USA dans les années 1920 a fait multiplier par 16 la consommation de mauvais whisky produit clandestinement. De même, quand le président Ben Bella avait prohibé la consommation de tous les alcools, il avait obtenu des effets extraordinairement pervers, ce n'était plus le consommateur qui allait au bar, mais c'était le bar qui s'installait chez le consommateur, chez lui, exposant les autres membres de la famille à la prise d'alcool. Ce n'était plus le verre qu'on allait chercher dehors, au bar, mais c'était bien toute la bouteille qui entrait en gros dans le foyer. Conséquences devinées : on boit plus, plus souvent et plus longtemps et à plusieurs. Messieurs les walis prohibiteurs de bars, vous êtes-vous posé la question de savoir ce qui se passe quand les gens sont contraints par vous de ... boire chez eux. Au lieu de prendre quelques verres dehors et rentrer tranquillement à la maison, non messieurs les walis, c'est toute la bouteille ou le carton de canettes qui entre à la maison, devenant ainsi un bar ouvert à toute la famille. C'est une invite directe à la débauche des mineurs au sein du foyer. Boire dans une autre wilaya : quand un wali oblige de fait ses buveurs à aller boire ailleurs que dans « sa » wilaya (propriété privée ?) il expose de fait ces citoyens à des risques de mort certaine. Interrogez les statistiques sur les morts nocturnes de la circulation routière entre Boumerdès et Tizi Ouzou, entre Constantine et Annaba, entre Mostaganem et Oran, entre Jijel et Béjaïa, entre et entre... L'Algérie est le premier pays au monde des hécatombes routières. Messieurs les walis, vous en êtes pour une large part responsables ; c'est-à-dire d'avoir poussé à la mort ces chercheurs d'alcool et de loisirs dans les wilayas voisines. Messieurs les walis, il y a quelques années, vous avez fait de nous, plutôt de vous, la risée et les blagues inconvenantes de l'humanité entière. Chacun dictait et doctait sa propre loi pour boire.
A Alger, pour être servi, il fallait être assis, à Oran, debout, à Annaba couché (louer une chambre) ; à Constantine ni debout, ni assis, ni couché, il fallait être étranger, chrétien ou athée avéré. Si on était tout cela et qu'on ressemblait à un Algérien ou à un Arabe, c'était niet. La décision finale appartenait souverainement au serveur. Alors messieurs les walis, réfléchissez un peu avant de lâcher vos ordres d'interdire de boire de l'alcool dans « votre » wilaya qui n'est pas – encore – une principauté ni un émirat. Boire dans un bar clandestin : messieurs les walis, savez-vous comment est fait et comment fonctionne un bar clandestin ? Non, vous ne le savez pas. Connaissez-vous les bars roulants et tournants de Constantine ? De Tiaret ? De Saïda ? Connaissez-vous les bars de forêts ? Les bars de maisons closes ? Les bars de plages ? Les bars d'épiceries ? Les bars informels des rues et marchés de toutes les Algérie corrigeant vos fautes et contournant vos arrêts ? Messieurs les walis, vous ne savez rien de tout cela ; vous êtes les seuls responsable de ces créations extraordinaires de bars insolites et de leur prolifération dans toutes les Algérie que vous avez créées. C'est pourquoi, je vous affirme, preuves à l'appui, quand vous fermez un seul bar, vous en créez cent autres. Parce chaque foyer de buveur censuré deviendra un bar familial privé ! Quand vous fermez un seul bordel, vous en créez cent autres aussi. Si vous avez un seul argument contre ces vérités, alors sortez-le moi vite et attaquez-moi en justice ; j'en serai ravi parce que j'en dirai beaucoup plus. Mais sachez que ces bars clandestins, pour l'essentiel, vendent des alcools frelatés, mauvais et dangereux pour la santé. Ces alcools vendus dans la clandestinité sont la conséquence directe de vos interdits. Messieurs les walis, je rappelle donc sereinement cela :
1. les deux premiers pays du monde islamique, grands consommateurs de whisky sont, dans l'ordre, l'Arabie Saoudite et l'Iran ; deux pays farouchement intégristes et anti-alcool. L'Algérie arrive officiellement à la 79e position.
2. Quand l'Algérie avait fini de fermer tous ses bordels, centenaires pour la plupart, sur simple décision des walis, on passe de 20 000 prostituées contrôlées et médicalisées (1970) à 1 200 000 occasionnelles, non recensées et non médicalisées en 2007. Question : Combien de milliers d'Algériens sont malades, parfois gravement atteints par ces bordels clandestins ? Quelle ville, village, douar n'a pas actuellement son ou ses bordels clandestins ? Non, aucun. Interrogez le corps médical sur l'évolution des maladies vénériennes depuis ces vingt dernières années. Interrogez-le en particulier sur l'évolution fulgurante des MSt (maladies sexuellement transmissibles) qui font des ravages et dont on ne parle presque jamais. Interrogez-vous sur le nombre de jeunes qui se suicident. Pourquoi tant de viols ? Pourquoi tant d'actes incestueux ? Vous en êtes moralement responsables MM. les walis. Oui, responsables ; vous et vos diverses hiérarchies. Accepteriez-vous un débat public sur Ia question ?
3. Messieurs les walis régnants, en supprimant la petite centaine de bordels, vous avez créé des centaines, peut-être des milliers d'autres. Messieurs les walis, par vos interdits intimes ou par les ordres reçus, vous avez poussé l'Algérien, un être doux, affable et digne, à devenir violent, mauvais, incestueux et violeur, parfois terroriste. Nous battons tous les records, interrogez les statistiques sur les délinquances, la malvie et l'insécurité : agressions, vols, viols, inceste, suicides, démences, folies ; nous battons tous les records du monde.
4. Vous vouliez, dites-vous, moraliser, assainir, purifier ! Mais non, vous avez démultiplié par mille ce que vous vouliez réduire à rien. Savez-vous que notre capitale, qui fut naguère blanche et belle, vient d'être classée par The Economist l'avant-dernière ville du monde où on vit le plus mal — ex-aequo — avec Dacca, au Bangladesh. Qu'avez-vous fait de nos autres villes puisque vous avez transformé Alger en une contrée où l'on vit le plus mal au monde ?
5. Messieurs les walis, je vous invite à réfléchir, une toute petite seconde seulement à ces jeunes qui se donnent et s'offrent à la mort par centaines, pour quitter la vie de votre wilaya, pour naviguer dans le noir, pour arriver n'importe où et que vos tribunaux jugent et jettent en prison. Ces jeunes se donnent à la mort juste pour exister, juste pour crier aïe, pour dire non, je vous emm... ; la vie que vous décidez pour moi, je la quitte ; je m'en vais ; restez seuls, gouvernez seuls, décrétez seuls fermez tous les bars et tous les bordels que vous voudrez, moi, de toute façon, je pars, je quitte votre vie quitte à en mourir puisque j'en meurs déjà. Pour l'anecdote, les Emirats arabes unis sont les 4es consommateurs de whisky du monde musulman, juste après l'Egypte. Dites-le vite à M. Belkhadem. Il ne le croira pas. Ce monsieur est à ce jour représentant personnel du président de la république. Chaque bar qu'il fermera encore le rapprochera certes de son intime conviction mais l'éloignera davantage de l'Algérie.


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