Comment voulez-vous faire venir des visiteurs nationaux et/ou étrangers pour y séjourner, lorsque vous n'avez que quelques hôtels qui se comptent sur les doigts d'une seule main ? La construction du nouvel hôtel «Ibis» au centre-ville, qui reste un gain immense pour la ville, n'est sans doute pas du goût de certains. Rappelons-leur que depuis 1959, date de l'inauguration de l'hôtel «Panoramic», la ville n'a construit aucun hôtel vraiment digne de ce nom. Quant au site sur lequel l' «Ibis» a été construit, qu'y avait-il au juste ? Une station de bus construite dans les années 1970 avec des abris formés de colonnes en champignons. Une «horreur» en plein centre-ville, endroit devenu sans cesse étriqué, congestionné. En bas de cette ex-station de bus où l'on édifie le nouvel hôtel, de quoi parle-t-on lorsque l'on fait allusion à la disparition d'un espace public ? De ce petit jardin, ou «J'nen Ezaoualia» ? Tout le monde sait que celui-ci était abandonné à son triste sort depuis longtemps. Car, contrairement à «J'nen El Mourkentia», situé de l'autre coté de l'avenue, le premier est en bas de pente et caché. Ce qui manque dans le centre-ville de Constantine, c'est un vaste espace public, un parc urbain qui serait le symbole par excellence de l'urbanité et de la civilité, un endroit ouvert, un lieu important pour la vie sociale et qui puisse participer à la structure de la ville. Il est vraiment dommage que personne parmi la société civile locale n'ait soutenu les autorités locales lorsque celles-ci avaient projeté de démolir deux bâtisses dont la place n'est plus dans un centre-ville moderne, la prison et le siège de la gendarmerie dont l'assiette aurait permis de réaliser un grand parc pour aérer la ville, synonyme d'équilibre entre le bâti et le végétal. A défaut, nous devons nous contenter de l'aménagement de la place Kerkeri, action salutaire et bénéfique, selon nous, qui a permis la suppression d'une autre station de bus, source d'incontestables nuisances et l'aménagement d'un espace public convivial. Cette place est une sorte de « balcon» donnant sur tout le quartier de Bardo, ainsi que sur les voûtes du pont de Sidi Rached. Son aménagement a valorisé l'hôtel Cirta et l'immeuble d'habitation à côté, qui ont une valeur architecturale dans le style néo-mauresque. Ainsi que les deux bâtiments d'habitation HBM (habitation bon marché datant des années 1930) de configuration «Art-Déco». C'est là une démonstration d'une attention particulière à l'espace public qui, lorsqu'il est cohérent, forme le liant entre les diverses composantes de la ville. Le développement durable est basé sur le recyclage et le renouvellement des ressources utiles au fonctionnement de la cité. Il repose aussi sur de nouvelles pratiques de l'urbanisme et de l'aménagement fondées sur la reconversion des friches et des tissus désuets. Dans le même sillage, le tramway est un élément de renouvellement urbain pertinent en tant qu'outil de déplacement accessible à tous. Un facteur de renouvellement urbain dans le sens où il va modifier le paysage de manière positive le long de son parcours, réduisant la pollution, facilitant l'accès au centre-ville, engendrant de ce fait des effets positifs sur l'économie locale. L'urbanité sera pour tous ou ne le sera pas. Celle-ci appartient aux réalistes dont le projet est de restructurer l'espace urbain afin d'y mieux vivre. Un vécu diversifié traduit par une adéquation poétique à l'espace.